19 jours seulement ont été nécessaires à Simone Moro et Denis Urubko pour réaliser la première ascension hivernale du Makalu (8.463m), c’était en février 2009. Une expédition express qui avait déjà atteint les 7.100 mètres dans les tous premiers jours.
C’était la 40ème expédition de Simone Moro, et sa septième aventure avec Denis Urubko. Et pas des moindres. En 2009, 13 expéditions hivernales ont déjà tenté d’affronter le Makalu, en vain. Et pas n’importe qui, Messner, Casarotto ou Wielicki ont essayé. C’est alors le dernier 8.000 du Népal à n’avoir pas été gravi en hiver. La 14ème tentative, celle de Moro et Urubko, sera la bonne.
Acclimatation puis première difficulté avec la neige
L’expédition commence dans la vallée du Khumbu, ils grimpent alors jusqu’à 5.600 mètres pour commencer leur acclimatation. De retour à Katmandou, ils volent à bord d’un vieil hélicoptère russe à destination du petit village de Tashigaon où ils retrouvent leurs porteurs. Ces derniers n’ont pas pu parvenir au camp de base : trop de neige sur les sentiers praticables au printemps. Moro et Urubko volent alors jusqu’au camp de base, à environ 4.900 mètres, avec leur matériel et une petite équipe (cuisinier, aide cuisinier…). Un complication inattendue et coûteuse. Un surcoût estimé alors à 20.000 dollars. Pas négligeable pour une petite expédition de 2 alpinistes.
Après une nouvelle course pour s’acclimater aux environs du camp de base, ils filent vers le camp de base avancé, à 5.650 mètres, au pied de la face ouest du Makalu. Dans la foulée de cette première incursion en altitude, ils passent le Camp 1 puis le Camp 2 (6.900m). Avant de redescendre au camp de base, ils arrivent même à pousser jusqu’à presque 7.100 mètres. Ils n’ont pas laissé de tente, ils se déplacent avec.
Lire aussi : Il y a 16 ans, un italien en hiver au sommet du Shishapangma
En 19 jours entre janvier et février 2009, l’expédition était pliée et le Makalu gravi en hiver
La deuxième montée quelques jours plus tard les amène jusqu’à 7.350 mètres. Pour ne pas trop se charger, les deux alpinistes partent vers les camps supérieurs avec des sacs de couchage très légers. Moro évoquera à son retour des sacs capables d’endurer -9°C quand le froid nocturne atteignait « au moins » les -40°C. Avec seulement 2 rotations jusqu’au Camp 2 et guère plus haut, Moro et Urubko entrevoient une fenêtre météo. Elle n’est pas parfaite, il y aura du vent mais ils foncent malgré tout.
Ils ouvrent leur Camp 3 à 7.650 mètres et y passent quelques heures avant de continuer dès le lendemain, 9 février, 6 heures du matin. « Un froid insupportable ». Dès 8.200 mètres, ils ne sont plus du tout abrités du vent et les rafales sont puissantes. Le vent dépasse les 90 km/h. « C’était un combat contre le vent » se souvient Moro. « On devait s’accrocher à nos piolets pour ne pas voler » précisera-t-il. Mais dans la foulée, ils sont au sommet vers 14h. Ils parviennent ainsi à réaliser cette première hivernale. Sans oxygène supplémentaire, sans l’aide de sherpas. C’était plus « du style alpin que du style himalayen » dira Moro. Moins de 24 heures plus tard, ils sont au camp de base.
Une ascension sur les traces de Jean-Christophe Lafaille disparu trois hivers plus tôt alors qu’il tentait d’atteindre ce même sommet du Makalu. Une tentative hivernale en solitaire dont il ne reviendra pas. Pendant leur montée, Moro et Urubko n’ont vu aucune trace du Français.
Plus de détails sur l’ascension (lien en anglais)
Illustrations © DR