Il y a quelques jours, dix alpinistes se tenaient au sommet du K2 en hiver. Dix hommes. Pourtant, depuis des décennies, des femmes ont écrit des pages de l’Histoire de cette montagne mythique. Au camp de base, elles sont plusieurs à espérer le gravir cet hiver : Magdalena, Josette ou Tamara. Découvrez ces femmes qui font partie de l’Histoire du K2 ! Parmi elles, deux Françaises.
La malédiction des 5 premières !
Les 5 premières femmes à gravir le K2, entre 1986 et 1995, ont toutes disparu. Certaines directement lors de leur ascension du K2, d’autres quelques mois ou années plus tard. Ces 5 femmes n’en étaient pas moins d’incroyables alpinistes.
Wanda Rutkiewicz (POL)
Troisième femme à avoir gravi l’Everest, la Polonaise Wanda Rutkiewicz est la première de la liste. La toute première représentante de la gente féminine à avoir réussi l’ascension du K2. C’était durant l’été 1986. Huit ans après sa réussite à l’Everest. Ce n’était pas le début de ses réussites en montagne. En 1975, elle avait par exemple réalisé la toute première ascension du Gasherbrum III (7.952m), situé dans cette même région du Karakoram. La première ascension, et elle en dirigeait l’expédition ! Aucun homme n’avait gravi cette montagne avant elle ! Sa carrière a continué après le K2 avec notamment deux 8.000 gravis en solitaire, notamment l’Annapurna (1991). Mais en mai 1992, elle disparait lors de sa tentative d’ascension du Kangchenjunga, quelque part vers 8.000 mètres d’altitude.
Liliane Barrard (FRA)
Elle était au K2 en même temps que Rutkiewicz, avec son mari Maurice. Après des débuts sans lui, elle fait vite équipe avec son mari pour des projets en très haute altitude. On les avait notamment aperçus au Nanga Parbat en 1984 dont Liliane avait décroché la première ascension féminine ! Puis suit le Makalu et enfin le projet de K2. Tout comme son époux, Liliane Barrard ne reviendra pas de cette expédition au K2 durant le terrible été 1986.
Julie Tullis (UK)
Cette alpiniste britannique est aussi une vidéaste. Elle est embauchée en 1981 par Kurt Diemberger pour réaliser le film de l’expédition autrichienne au Nanga Parbat. D’autres expéditions filmées se succèdent, notamment à l’Everest ou sur l’Arête Nord du K2. En 1984, on retrouve Tullis au sommet du Broadpeak toujours avec Diemberger. Quand ce dernier pense retourner au K2, elle n’hésite pas une seconde. Ils se retrouvent sur cette montagne mythique durant… l’été 1986. Et ils parviennent ensemble au sommet pendant les premiers jours d’août. A la descente, une tempête leur barre le passage. Ils sont bloqués à très haute altitude et Julie meurt à l’abri de sa tente, probablement d’un œdème de haute altitude. Au même moment, Dobroslawa Miodowicz, une Polonaise de 32 ans fait partie du même groupe. Elle n’est pas parvenue au sommet mais est bloquée dans la même tempête, elle ne redescendra pas vivante non plus.
Chantal Mauduit (FRA)
Le 3 août 1992, la Française Chantal Mauduit réussit l’ascension du K2. C’est sa première réussite à plus de 8.000 mètres, pas sa dernière. Elle totalisera 6 sommets dépassant la barre mythique de 8.000 mètres avant de se lancer dans son expédition au Dhaulagiri (Népal). C’est là, en mai 1998, qu’une avalanche balaie la tente qu’elle partageait avec son ami Ang Tshering Sherpa. Six ans se sont écoulés depuis le K2 et son parcours d’himalayiste s’arrête net. Elle n’a jamais atteint le sommet de l’Everest malgré 7 tentatives.
Alison Hargreaves (UK)
Au printemps 1995, Alison Hargreaves fait parler d’elle. Jusqu’alors discrète, elle réalise une ascension de l’Everest remarquée. Sans oxygène supplémentaire et sans l’aide de quiconque. La première de l’Histoire peut-on croire à l’époque. Même si une certaine Lydia Bradey étaient passée la première quelques années plutôt. C’est l’année suivante qu’elle file au K2, forte de son succès sur le toit du monde. Elle fait partie d’un groupe de 8 grimpeurs qui parviennent au sommet, au terme d’une saison marquée par le mauvais temps. A la descente, la tempête est démesurée, sept alpinistes sont soufflés par le vent. Alison Hargreaves ne reviendra pas du K2. Elle était la mère de Tom Ballard, alpiniste décédé au Nanga Parbat en 2019.
Que l’on se rassure, la sixième alpiniste à avoir gravi le K2 est toujours en vie. Il s’agit d’Edurne Pasaban, qui a réalisé l’ascension en 2004. Tout comme la septième, Nives Meroi (au K2 en 2006), elle va gravir les 14 sommets de plus de 8.000 mètres que compte la planète. Un défi auquel s’était également attelé Chantal Mauduit. Mais au K2, il n’y a pas que l’histoire des premières femmes… Il y a aussi celles d’aujourd’hui !
Qui sont les prétendantes de l’hiver 2020-2021 ?
Les 3 grimpeuses de cette saison sont Tamara Lunger, Josette Vallotton et Magdalena Gorzkowska.
Tamara Lunger (ITA)
La première a des expériences passées en himalayisme hivernal. Elle faisait notamment partie de la bande qui réalisa la première hivernale au Nanga Parbat en 2016. Elle n’a pas atteint le sommet, son état de santé ne le lui permettait pas. Victorieuse du Lhotse à l’âge de 23 ans, elle a également été une championne de ski-alpinisme. Elle a accumulé d’autres expériences hivernales : du Manaslu aux Gasherbrum. Pas de sommet mais des journées et des nuits passées sur ces montagnes mythiques durant la pire saison.
Josette Vallotton (SUI)
C’est une guide de haute montagne suisse basée à Arolla. Elle a déjà gravi 7 sommets de plus de 8.000 mètres. Le dernier en date, le Dhaulagiri durant l’automne 2019. Cette native du Valais a mis les pieds en Asie pour la première fois en 1999 et y retourne dès qu’elle peut. Et ce ne sont pas les plages de Thaïlande qui l’attirent mais bien les sommets de l’Himalaya. En 2001, elle réalise l’ascension de son première 8.000 : le Shishapangma. Puis les sommets s’enchainent au fil des années.
Magdalena Gorzkowska (POL)
Cette athlète polonaise de 28 ans a décroché des médailles en athlétisme avant de s’intéresser aux montagnes. Aconcagua, Kilimandjaro, puis Mont Everest en 2018. Quelques mois plus tard, elle réussit l’ascension du Makalu sans oxygène puis c’est au tour du Manaslu. Cet hiver, elle vise le sommet du K2 en hiver !
Vous auriez pu (du) parler aussi de Gerlinde Kaltenbrunner qui a terminé l’ascension des quatorze 8000 par le K2 (et sans oxygène ).
Et qui plus est par la magnifique voie du pilier nord !
Vous avez raison ! C’est loin d’être exhaustif !! 🙂
https://www.altitude.news/sports/alpinisme/2018/03/08/gerlinde-kaltenbrunner-raconte-k2/