Juillet 2007. Lors d’une tentative d’ascension du Pic Lénine, un groupe de grimpeurs venus du Kazakhstan découvrent plusieurs corps. Ils sont libérés par les glaces à mesure que les glaciers reculent. Qui sont ces hommes et ces femmes emprisonnés dans les glaciers de celui qu’on appelle désormais le pic Abu Ali Ibn Sina ? D’où viennent ces cadavres qui font leur apparition au pied du second sommet du Pamir ? La plupart d’entre eux attendent sagement là, depuis le mois de juillet 1990. A une époque où le Pic Lénine était encore en URSS.
La foule des grimpeurs au Pamir
Cet été là, l’URSS vivait ses dernières heures et un expédition de quelques 140 grimpeurs se pressait dans les montagnes du Pamir, au pic Lénine. Les soviétiques ne sont pas seuls mais ils sont majoritaires. On compte notamment un groupe d’alpinistes venus de Leningrad, dirigés par le fameux Leonid Troshchinenko mais aussi des Tchécoslovaques, des Espagnols, des Suisses et même des Israéliens.
C’est vers 5.300 mètres environ que les grimpeurs montent un camp d’altitude, sur la voie vers le sommet. Un camp fréquemment utilisé, son emplacement était connu depuis les années 1930. Parfois plus de 100 personnes s’y reposaient en même temps. « Personne n’aurait pu prévoir ce qui s’est passé » explique alors Vladimir Shatayev, un représentant des autorités alpinistiques de l’époque. Le 13 juillet, un vendredi 13 évidemment, le Pic Lénine a été le théâtre de l’une des plus terribles catastrophes de l’histoire de l’alpinisme.
Un sérac entraîné par un tremblement de terre
Que s’est-il passé ? Un tremblement de terre d’une magnitude de 5.6 a lieu peu après 20h, à quelques 300km de là. Sans même avoir été ressenti au camp de base, il entraine une avalanche de glace et de débris. Un sérac gigantesque s’écroule en direction du camp. En quelques secondes, la plupart des 45 grimpeurs stationnés dans leurs tentes ou aux abords sont ensevelis. Les rares survivants qui ont échappé à la coulée essaient de secourir leurs camarades mais c’est peine perdue. 43 alpinistes sont alors ensevelis vivants. Aleksey Koren de Leningrad et Miro Grozman de Slovaquie sont les deux seuls survivants.
Un seul corps retrouvé sur le moment
Les recherches démarrent rapidement. Des secouristes viennent de toute la région mais malgré les moyens employés, un seul corps est finalement découvert. Celui de Yelena Eremina. Tous les autres sont gardés par le glacier. Leonid Troshchinenko fait partie des victimes. Il connaissait pourtant bien le pic Lénine, il dirigeait la première expédition hivernale à son sommet deux ans plus tôt, et y était retourné l’hiver précédent. Mais expérience ou pas, la montagne n’a pas fait de différence. Avec ses hommes, il se préparait à une future expédition sur le Cho Oyu. Il n’aura pas eu l’occasion de s’y mesurer.
Lire aussi : Août 1974, 8 femmes périssent sur le Pic Lénine
Illustration © Nihongarden CC BY-SA 3.0