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Juin 1950, Herzog et Lachenal signent la première française à l’Annapurna

Depuis plusieurs décennies, les nations occidentales rivalisent d’audace pour tenter d’être les premières au sommet d’un des 8.000 de la planète. Depuis le Duc des Abruzzes au K2 au début du siècle, en passant par les Anglais à l’Everest dans les années 1920, chaque nation tente sa chance. La France, elle aussi, n’est pas en reste. Soutenue par le « Comité français de l’Himalaya », une première expédition d’ampleur vise le Gasherbrum I en 1936. A l’époque, on le nomme Hidden Peak. Cette aventure, sous la direction d’Henry de Ségogne alors Président du Groupe de Haute Montagne, n’arrive qu’à l’altitude de 7.000 mètres. La guerre passe et les Français choisissent un nouvel objectif et une nouvelle équipe.

L’après-guerre et Lucien Devies, Monsieur Montagne !

Aux commandes, Lucien Devies, le Monsieur Montagne de l’époque. Président du Club Alpin Français, du Groupe de Haute Montagne, de la Fédération Française de la Montagne, du Comité de l’Himalaya et quelques années plus tard directeur de la revue La Montagne et Alpinisme, Devies n’est pas seulement un chef ! Ce Parisien d’origine est avant tout un alpiniste. Dans les années 1930, il collectionne les sommets notamment aux côtés de Giusto Gervasutti ou Jacques Lagarde. C’est sous son impulsion que l’expédition de 1950 se prépare. L’état ainsi que le Club Alpin Français mettent la main à la poche pour financer cette première expédition française de l’après-guerre. Des entreprises participent aussi, notamment dans l’industrie ou le monde bancaire.

Herzog aux commandes : cap sur le Dhaulagiri !

Maurice Herzog est nommé chef d’expédition. A ses côtés, on retrouve la fine fleur de l’alpinisme hexagonal de l’époque. Jean Cousy, Louis Lachenal, Gaston Rebuffat ou encore Lionel Terray sont de la partie. Le Népal donne alors son autorisation pour que les Français s’attaquent aux 8.000 de l’Ouest du pays : Dhaulagiri ou Annapurna, une région quasiment jamais explorée jusqu’alors. Après une première reconnaissance des différents versants autour de la rivière Kali Gandaki, cet affluent du Gange, Maurice Herzog décide que les efforts de son équipe se porteront sur le Dhaulagiri. Une exploration menée par Lachenal et Rebuffat commence, sans grand succès. Une autre partie de l’équipe commence alors à chercher un itinéraire sur l’Annapurna. Mi-mai 1950, le Dhaulagiri ne semble pas vouloir céder. Herzog choisit de reporter tous les efforts de son groupe sur l’Annapurna.

Après un essai infructueux et très périlleux sur l’arête Nord-Ouest, les alpinistes français comprennent que la face nord sera la plus facile d’accès. Un camp de base est installé à 4.400 mètres d’altitude, sur la rive du glacier qui descend de la face. A 5.110 mètres, le camp I est précaire, dans une zone avalancheuse. Les camps suivants sont plus fiables et le 28 mai, le camp IV ouvre ses portes ! Les plans initiaux d’Herzog ne sont pas respectés à la lettre mais c’est finalement lui, avec Louis Lachenal, qui part pour une première tentative au sommet le 31 mai.

Le sommet de l’Annapurna, premier 8.000 !

Le 2 juin, ils parviennent à établir un Camp V, point de départ pour leur assaut final. Les prévisions météo ne sont pas bonnes et les deux hommes n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre. Les deux sherpas qui avaient accompagné les Français jusque là préfèrent redescendre. Le 3 juin au matin, les deux hommes partent vers le sommet. Lachenal, craignant les gelures aux orteils, pense à faire demi-tour. Herzog ne pense qu’au sommet et au drapeau français qu’il se doit de planter au sommet. A 14 heures, ils posent le pied à 8.091 mètres d’altitude, sommet de l’Annapurna. C’est le tout premier 8.000 gravi dans l’histoire de l’humanité. Contrairement à l’Everest quelques années plus tard, cette ascension est réalisée sans oxygène.

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Le temps passe et Lachenal entame la descente alors qu’Herzog est toujours au sommet. Quelques heures plus tard, c’est Herzog qui rejoint le camp V où il retrouve Terray et Rebuffat. Il a les mains gelées après avoir égaré ses gants. Lachenal, lui, n’est pas au rendez-vous. Il est retrouvé plus tard, en contrebas du camp V, les pieds très abimés. Pendant la nuit, Terray et Rebuffat veillent les blessés et tentent de réchauffer leurs extrémités gelées. Ils poursuivent la descente le jour suivant mais le mauvais temps les désoriente et ils ne trouvent pas le camp IV. Ils sont contraints à dormir dans une petite crevasse, s’exposant encore un peu plus au grand froid de l’Himalaya.

Le matin suivant, avec beaucoup de chance, ils parviennent à continuer leur descente jusqu’au camp I. C’est de là qu’ils rédigent un télégramme pour Paris. La nouvelle mettra plusieurs jours à parvenir aux oreilles de Lucien Devies. L’expédition, elle, mettra plusieurs semaines pour revenir en France. Leur avion se pose à Paris Orly le 17 juin

Annapurna 1950 : un sommet controversé !

Depuis le retour des alpinistes sur le sol français et la publication des premières photos du sommet, des doutes quant à la réelle atteinte du sommet sont apparus. Et pour cause, les photos qui font alors le tour du monde ne sont pas prises depuis le sommet, mais en contrebas. Proche ou loin du sommet, difficile à dire. La personnalité du chef d’expédition, Maurice Herzog, prompt à s’arroger toute la gloire de cette aventure, a également compliqué l’affaire. Le personnage, érigé en héros à son retour de l’Annapurna, a purement et simplement éclipsé Louis Lachenal, un montagnard certes bien plus discret. Construisant une brillante carrière politique sur la base de son succès de 1950, Herzog ne laissera pas vraiment l’opportunité à Lachenal de donner sa version des faits. Ce dernier aurait confié à des proches qu’ils n’étaient pas arrivés au sommet.  

Quand la fille de Maurice, Félicité Herzog, publie Un Héros en 2012 pour raconter son histoire, elle égratigne le courageux vainqueur de l’Annapurna et affirme – sans autre explication – qu’il n’est pas allé au sommet. Elle ne croit plus cet affabulateur qui « met en scène sa légende » depuis des décennies. Herzog est mort quelques mois après la publication de ce livre. Lachenal a chuté dans une crevasse de la Vallée Blanche en novembre 1955. Les deux principaux protagonistes de cette aventure au sommet de l’Annapurna ne sont donc plus là pour tirer cette histoire au clair.

Qu’importe, avec cette ascension – confirmée ou pas – la France aura inauguré une période très active sur les sommets de l’Himalaya. Le Nanga Parbat et l’Everest ne tarderont pas à suivre quelques années plus tard. Douze des quatorze sommets de plus de 8.000 mètres seront ainsi conquis lors de cette décennie, ouverte par les Français.     

Avec cette réussite et les sommes amassées par les droits de publication et les dizaines de conférences, le Comité de l’Himalaya aura amassé un véritable pactole. Il permettra de financer d’autres expéditions dans les années suivantes, notamment la première ascension du Makalu en 1955.

Illustration Annapurna 1950 © DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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Une réflexion sur « Juin 1950, Herzog et Lachenal signent la première française à l’Annapurna »

  1. La dernière partie est ridicule.
    « Lachenal aurait confié… » : conditionnel pour rapporter une rumeur inventée.
    Il n’a jamais rien fait de tel et a, au contraire, parfaitement décrit le sommet dans ses écrits. L’expédition britannique de 1970, qui a pris le même chemin, s’est basée sur le récit français et a confirmé qu’il était parfaitement exact.
    Sur la photo d’Herzog au sommet, l’on voit parfaitement la double selle à cheval si typique de l’Annapurna et qu’on ne put voir que quand on y parvient.
    Comme le dit le grand Messner, l’ascension par Herzog et Lachenal est « un fait indiscutable ».

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