alexandre calame

Orage à la Handeck : quand Alexandre Calame peint les Alpes suisses !

Artiste oublié, Alexandre Calame s’est en son temps illustré comme le peintre des montagnes. En témoigne l’un de ses chefs d’œuvre : Orage à la Handeck.

Peintre et graveur suisse du XIXème siècle, Alexandre Calame peint les sommets alpins. Ses tableaux du mont Rose, du Cervin ou du mont Blanc ont un succès certain. En 1884, Eugène Rambert rédige sa biographie dans laquelle il est notamment question de son premier grand tableau, Orage à la Handeck (illustration de l’article), peint en 1839 et primé à l’Exposition des Beaux-Arts de la Ville de Paris en 1841. Extrait du chapitre consacré à la découverte par le peintre de la Handeck, recoin des alpes suisses. Visualiser l’œuvre (Site du Musée d’Art et d’Histoire de Genève).

« On se souvient de l’impression que Calame avait éprouvée lorsque, pour la première fois, il fit le pèlerinage de la Handeck. Il s’était cru transporté au bout du monde. De moment en moment, il avait vu la vallée se fermer devant lui, et chaque fois, par une sorte de magie, le chemin avait trouvé une issue pour s’échapper et pénétrer plus avant. Ces défilés successifs l’avaient conduit de solitude en solitude, et lui avaient fait épuiser la série des sensations que peut produire une nature de plus en plus sauvage. C’est dans un de ces bouts du monde que le peintre nous transporte. Un dernier pâturage, moins fait pour être brouté par des troupeaux que pour servir de repaire à des animaux farouches, s’abrite entre des murailles de granit. Ce sol est encore fécond ; partout où l’herbe trouve un asile, elle croît serrée, mais toujours fine et fraîche, et de fiers sapins, qui n’ont rien à envier à ceux des basses montagnes, prouvent que ce n’est pas la nourriture qui manque dans les fentes où s’enfoncent leurs racines. Ce qui manque, c’est la place. Un torrent et les blocs tombés des hauteurs disputent au pâturage le peu d’espace qui reste libre au fond de l’étroite vallée. Dans ce désert, le combat de la vie se présente sous ses aspects primitifs. A combien de chances fatales y sont exposées de frêles existences ! Mais si la victoire est malaisée, elle est d’autant plus glorieuse, et ceux qui la remportent ne sont pas de vulgaires lutteurs. Les uns, comme ces folles herbes, se contentent de peu ; il leur suffit d’un trou entre deux pierres ; les autres, comme ces sapins gigantesques, sont des champions qui ne redoutent ni le frimas ni la tempête.

Par un jour de soleil, ces vieux arbres et ces humbles pelouses auraient leur grâce et leur rayon ; ce serait le suprême sourire de la nature, un dernier Eden aux confins du chaos. Mais le peintre poète n’a pas voulu qu’il en fût ainsi. Aux horreurs de cette solitude, il a ajouté celles de l’orage. On sait ce que peut être un orage dans les gorges des hautes Alpes. Les nuées, battues par l’ouragan, y tombent comme l’avalanche et y roulent comme les torrents. Tantôt elles viennent entasser leurs masses accumulées contre une muraille qui les arrête ; tantôt elles se précipitent et s’empelotonnent les unes sur les autres pour passer ensemble par quelque défilé trop étroit. C’est ce dernier effet qu’a rendu Calame. Elles ont rempli la vallée. Tout à l’heure, la nuit était presque complète entre ces sombres parois et sous ce dais plus sombre encore ; mais un premier rayon de soleil laisse entrevoir des sommités déjà libres, et le vent, qui redouble de violence, travaille à balayer les nuages. La noire armée se précipite en désordre ; elle fuit et se rompt à toutes les saillies des corniches, tandis que les sapins, pliant ensemble sous la rafale, secouent sur le sol détrempé leurs branches flexibles et leurs barbes chenues. »

Illustration – une autre vue de la Handeck par Calame © Domaine Public

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Adélie F.

Libraire, Adélie partage avec vous sa passion pour les livres. La littérature de montagne est un vaste domaine qu'elle essaie de vous faire partager. Entre les montagnards et autres alpinistes qui s'essaient à l'écriture et les grands écrivains qui s'essaient à la montagne, les lectures ne manquent pas ! Elle chronique également des films, expos... Pour la contacter directement : adelie@altitude.news !

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