Le film la Montagne fait suite à Vincent n’a pas d’écailles dans la filmographie de Thomas Salvador, il sort ce mercredi 1er février. Un cinéma radical, à sa manière.
Dans les premières minutes, la Montagne de Thomas Salvador nous laisse sceptique. De magnifiques images dignes d’un clip d’office de tourisme alpin. Et un cadre citadin qui plaque tout pour rester auprès de ces sommets, s’éloignant d’une vie qui ne fait plus beaucoup de sens pour lui. Rien de bien original… Et pourtant… Subtilement, car tel le rythme de l’alpiniste l’intrigue avance doucement, le film prend une tout autre tournure. Le personnage de Pierre, cet ingénieur parisien qui s’achète une tente et va s’installer dans la Vallée Blanche, est bien plus complexe qu’on ne le pensait au début. Impénétrable, il s’est lancé dans une quête qu’il ne comprend pas lui-même. Une introspection silencieuse que seuls les cliquetis des mousquetons semblent venir troubler. En altitude, Pierre est serein, quoiqu’il arrive.
Une fable onirique dans un cadre en danger
Et quand un effondrement se produit quelque part dans le massif, il aimante soudainement le personnage principal. L’histoire prend alors un tour fantastique auquel on ne s’attendait pas vraiment. De longues scènes qui mélangent poésie et esthétisme. Et c’est bien quand le film verse dans la fable onirique que l’originalité du cinéma de Thomas Salvador se fait jour. Comment interroger le rapport de l’homme à la nature d’une manière originale ? Comment évoquer la fragilité de notre environnement, et celle des montagnes en particulier ? Pierre, sans abuser de dialogues, s’y emploie. Le personnage de Louise Bourgoin apporte une touche de finesse supplémentaire. Elle joue la chef d’un restaurant d’altitude qui s’intéresse à l’incongruité de l’aventure de Pierre, sans insister, sans s’imposer.
Alors oui, La Montagne de Thomas Salvador n’est pas un film grand public dans le sens où il risque de perdre ceux qui attendent d’être impressionnés par les scènes d’action d’un film de montagne. Il laissera également sur la touche ceux qui veulent que tout soit clair, expliqué et facile à saisir. Mais si vous êtes prêts à vous laisser emporter par une poésie décalée dans des paysages fragiles mais magnifiques, avec un duo d’acteurs étonnants, alors filez voir La Montagne. Le jury du festival de Gérardmer a adoré, le film vient d’y recevoir deux prix !
Sortie en salle le 1er février.
Illustration © T. Salvador, le Pacte.