L’ours et le loup, deux grands prédateurs du monde animal, ont de nombreux points communs. Mais le combat est inégal. Les deux n’ayant pas la même place dans le cœur des hommes. Qu’est-ce que l’Histoire et la Culture nous apprennent sur notre manière actuelle de percevoir l’ours et le loup ?
Il est ici question d’affrontement symbolique entre loup et ours, pas au sens littéral. De telles situations sont assez rares, les deux espèces savent bien qu’elles n’ont rien à y gagner. Les cas documentés de face à face entre un ours et un loup se terminent pour la plupart bien, l’un ou l’autre renonçant à prendre des risques inutiles, souvent le loup. En voici un exemple.
Alors revenons au symbolique.
La culture populaire privilégie l’ours face au loup
Dans la culture populaire, ours et loups ne sont pas placés sous la même enseigne. Vénéré depuis la préhistoire comme le roi des animaux, l’ours a dû faire face au fil des siècles à l’Eglise. Cette dernière, voulant lutter contre la concurrence du paganisme, va tout faire pour assimiler l’ours au diable. Et de fait, des campagnes d’élimination de l’animal vont se succéder. Il finira animal de cirque ridicule avant un retournement de situation. Il va devenir la coqueluche des enfants avec l’invention au début du XXème siècle de l’ours en peluche. Dès lors, de Winnie l’ourson à l’ours Paddington, l’image de l’ours ne sera que rarement négative. Dans la nature, on aura tendance à l’humaniser. A ce titre, on a en tête des noms d’ours des Pyrénées : Cannelle, Cachou… Personne ne donne des noms aux loups…
Le loup, lui, n’est jamais devenu une peluche. Et les adjectifs « grands méchants » restent encore aujourd’hui associés à l’animal. De La Fontaine au Petit Chaperon Rouge, mythes, contes et légendes perpétuent cette figure négative qui a suivi en partie le même itinéraire que l’ours. Diabolisé par l’Eglise, le loup devient trop présent et l’homme cherche à l’éradiquer. Si la littérature jeunesse d’aujourd’hui n’hésite plus à en faire un héros gentil, le poids du passé et la symbolique du loup peinent à disparaitre. On l’associe à la duplicité, à la sauvagerie, il est le symbole de guerriers célèbres…
Voir aussi : [France Culture] A l’origine du nounours, un roi déchu et A l’origine du grand méchant loup
Tous deux grands prédateurs, l’ours et le loup divisent. Ils sont des animaux totems que l’opinion publique a plutôt tendance à respecter. Pourtant quand on regarde de plus près, l’ours semble tirer son épingle du jeu. Il est culturellement mieux accepté que le loup. Notamment grâce à sa capacité à nous ressembler. Il peut se tenir sur deux pattes par exemple. Reste qu’aujourd’hui, c’est le loup qui gagne du terrain en France. Si quelques dizaines d’ours font survivre l’espèce dans les Pyrénées, ce sont plusieurs centaines de loups qui vivent désormais dans l’Hexagone. Les interactions avec les humains et le bétail continueront donc d’être plus fréquentes avec des loups, ce qui continuera de détériorer son image.
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