Avec la suspension des nouveaux droits de douane entre l’Europe et les Etats-Unis, l’industrie du ski peut souffler. Outre-Atlantique, le secteur est très dépendant de ses fournisseurs européens.
Le président Trump a annoncé, le 9 avril 2025, la suspension soudaine de nouveaux tarifs douaniers sur les importations européennes, à peine quelques heures après leur entrée en vigueur. Ces taxes de 20 %, initialement prévues pour s’appliquer dès cette date, se voient reportées de 90 jours. Les droits de douane sur les produits chinois, eux, ont été augmentés à 145 %.
Cette décision soulage temporairement l’industrie du ski aux États-Unis, qui dépend fortement des importations européennes pour ses infrastructures. Remontées mécaniques, dameuses, systèmes de sécurité viennent majoritairement d’Autriche, Suisse, France ou encore Allemagne. Les pays alpins conservent historiquement une bonne partie du savoir-faire indispensable à cette industrie. L’Europe et des entreprises européennes fabriquent aussi une part non négligeable du matériel de ski (skis, chaussures…). Plusieurs pays d’Asie durement touchés par les droits de douane initialement mis en place (comme le Vietnam) produisent aussi du matériel pour cette industrie.
Cependant, l’incertitude demeure : du matériel en transit bloqué, des coûts futurs flous, et une politique commerciale américaine toujours en mouvement. Les questions sont encore plus prégnantes pour tout le matériel importé de Chine. A l’autre bout de la chaîne, l’incertitude plane aussi pour les acteurs européens qui pourraient voir leur business aux Etats-Unis très affecté. Si le marché US ne représente qu’une partie de leur carnet de commandes, il n’est généralement pas négligeable.
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Certains skis sont fabriqués aux Etats-Unis mais souvent avec des composants importés. La marque ON3P importe ainsi ses structures en bambou de Chine. D’autres comme JSkis ont choisi de localiser leur fabrication au Québec. Ces deux exemples vont voir leurs prix bondir en répercussion de droits de douanes sur leur chaine logistique.
Ce sursis permet aux stations et fabricants de s’adapter à court terme, mais n’apporte pas de solution durable. L’industrie, déjà fragilisée par la pandémie, l’inflation, les aléas climatiques et l’augmentation de nombreux coûts, craint le retour ou l’aggravation des droits de douane dans trois mois. Les petites stations, en particulier, pourraient peiner à absorber ces hausses, risquant d’annuler, de reporter des investissements ou de les répercuter sur leurs prix. Les conséquences dans un deuxième temps pourraient toucher plus largement l’économie des régions de montagne, très dépendante du tourisme.
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