Ce printemps, une expédition à l’Everest utilisera du xénon pour se passer d’acclimatation. Ce produit, classé comme dopant depuis 2014, aurait des effets comparables au temps passé en altitude.
Dans son édition du 10 janvier dernier, le Financial Times évoquait la nouvelle prestation proposée par l’Autrichien Lukas Furtenbach. Avec son agence d’expédition, il offre un traitement au xénon avant de s’attaquer à l’ascension de l’Everest.
D’après son explication, ce printemps un groupe de clients arrivera à Katmandou à la faveur d’une fenêtre météo satisfaisante. Après un petit passage par une clinique privée pour inhaler du xénon pendant une demi-heure, ils pourront rejoindre le camp de base de l’Everest pour se lancer dans l’ascension. Aucune autre acclimatation ne sera nécessaire. Tout pourrait se passer en quelques jours, entre le départ des clients de leur domicile et leur retour.
Xénon : d’anesthésiant à produit dopant
Le xénon est un gaz utilisé comme anesthésiant depuis des décennies. Mais il a un effet complémentaire, il booste la production d’EPO dans l’organisme. De quoi « accélérer la production de globules rouges et donc la capacité du corps à transporter de l’oxygène » note l’article du FT. Une demi-heure de xénon équivaudrait donc à une acclimatation de plusieurs semaines en haute altitude.
Les instances internationales du sport considèrent le Xénon et l’EPO comme des produits dopants. Furtenbach souligne « l’alpinisme n’est pas un sport organisé, donc techniquement il ne peut y avoir de dopage en alpinisme ». La limite est de toute façon très controversée en la matière. Nombre de grimpeurs puristes considèrent le « simple » usage de bouteilles d’oxygène comme un produit dopant. D’après le Financial Times, une expédition de 7 jours intégrant le traitement au xénon de Furtenbach se facture 150.000 Euros.
A sa manière, l’opérateur autrichien remplace l’esprit d’aventure de toute expédition au long cours, les mois passés au camp de base, les doutes et les moments d’introspection, les joies partagées entre grimpeurs, par l’implication d’un groupe de clients fortunés dans ce qui ressemble fort à une expérimentation scientifique.
Les expéditions éclairs, de quelques jours à quelques semaines, deviendront peut-être la norme dans le futur. En attendant, ces modalités sont très attrayantes pour la clientèle la plus aisée. Celle qui peut bien payer 150.000 Euros pour une semaine. Et ne peut généralement pas s’accommoder de quitter son travail pendant deux mois.
Illustration © Altitude