Dans un fjord reculé d’Alaska, se niche une destination montagneuse créée il y a 20 ans et devenue un incontournable pour toutes les croisières de la région. Un tourisme qui cherche à rester durable dans une industrie
On trouve une tyrolienne de 1.600 mètres de long, un accrobranche, une télécabine pour atteindre un joli panorama sur les montagnes, des pistes pour faire du quad ou du 4×4 et toute une série de boutiques. Cet endroit est pourtant difficilement accessible, situé sur une île du fin fond de l’Alaska. Mais si cette ancienne conserverie de saumons bâtie au début du XXème siècle attire des milliers de visiteurs, c’est que ses propriétaires ont eu une idée. Transformer ce site abandonné en une escale pour bateaux de croisières. D’avril à octobre, les bateaux se succèdent. Certains jours, on voit défiler jusqu’à quatre navires et des milliers de touristes débarquent sur les quais avant de rejoindre magasins et restaurants. Au total, une quinzaine de compagnie de croisières ont ajouté Icy Strait Point dans leur programme.
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De 0 à 500.000 visiteurs en 20 ans
Un « endroit idéal pour tous les aventuriers à la recherche de nouvelles expériences » vante la brochure d’un fameux opérateur norvégien. Même si les contraintes de temps imposées par les horaires des bateaux réduisent généralement les activités possibles à terre. Pas question par exemple d’emprunter les sentiers de randonnées pour s’éloigner des foules. Du reste, les ours sont nombreux dans la région, et la prudence est de mise. On vous conseillera donc le trottoir aménagé qui rejoint le petit village voisin ou un restaurant au bout du quai.
Contrairement à l’île Ocean Cay aux Bahamas, qui est la propriété d’une compagnie de croisière, Icy Strait Point appartient à 1.300 natifs américains de cette région d’Alaska. Ouvert en 2004, le quai pour les navires de croisières a vite fait le plein. En 2011, l’économie de l’île était déjà pour moitié issue du business des croisières. Désormais, près d’un demi-million de visiteurs arrivent chaque année à Icy Strait Point et un deuxième quai a été mis en service en 2022. Malgré ces développements, le site était encore cité par la presse spécialisée comme un exemple de tourisme durable.
Copier-Coller à 40km de là
Un succès qui a de quoi susciter les convoitises des opérateurs de croisières à qui échappent une partie de la manne des activités à terre. Royal Caribbean a ainsi annoncé la création d’une nouvelle escale sur l’île Douglas, à 40 km d’Icy Strait Points. Deux quais pour les bateaux, un village indigène reconstitué, un héliport, un quai pour des hydravions. Boutiques et restaurants. Le tout pourrait entrer en service dès 2027 et concurrencer l’initiative d’Icy Strait Points.
Un projet qui pourrait cependant réduire le nombre de navires à Juneau, non loin de là, où les nuisances sont désormais permanentes. La petite ville d’Alaska croule sous les visiteurs et ses infrastructures peinent à suivre. Au point qu’était débattue lors des dernières élections municipales la possibilité de décréter une journée par semaine sans bateau ! La Royal Caribbean avait alors menacé la ville d’action en justice si une telle décision était appliquée. Elle a été abandonnée.
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