ski raccourcis

Ces domaines skiables qui ferment définitivement : gare aux raccourcis !

En quelques jours, trois stations de ski se sont retrouvées au cœur de l’actualité. En cause, la fermeture de leurs domaines skiables dans un contexte de réchauffement climatique et de recul de l’enneigement. Trois informations bien distinctes et un bon lot de raccourcis. Explications.

Cette semaine, c’est la station de Notre-Dame-du-Pré en Savoie qui a confirmé la fermeture de ses pistes. Ses trois téléskis ne rouvriront pas cet hiver. Réduite aux week-ends et vacances scolaires depuis plusieurs années, notamment par le faible enneigement, l’activité était déficitaire. La commune a donc fait le choix inéluctable d’arrêter définitivement ses remontées mécaniques. Cette annonce fait suite au référendum du Grand Puy qui condamnait à l’arrêt son domaine skiable. Dans le sillage du vote des élus de la Matheysine qui scellait le sort de l’Alpe du Grand Serre. Trois stations qui ferment coup sur coup et bon nombre d’amalgames et de simplifications.

1. « Les stations ferment ». Faux.

Les décisions portent sur la fermeture des domaines skiables et la mise à l’arrêt des remontées mécaniques. Les villages et stations restent accessibles aux visiteurs, même si certains devraient souffrir de la fin de l’activité ski. A Notre-Dame-du-Pré, le ski était marginal et l’impact sur le village pourrait l’être tout autant. Une « commission tourisme » va réfléchir aux « activités à proposer en remplacement ». Au Grand Puy, on parle de développer des activités indépendantes des remontées et de « conserver sa vocation touristique au travers d’aménagements sportifs ». Des investissements qui pourraient être financés par les revenus attendus de la vente des équipements du domaine skiable (remontées, dameuses et enneigeurs). A l’Alpe du Grand Serre, c’est plus compliqué. Près de 200 familles vivent en partie grâce à l’activité ski et les projets pour la suite sont encore flous. On est surtout sur une échelle radicalement différente.

2. Trois fermetures mises sur un pied d’égalité. Imprécis.

En mélangeant ces trois fermetures, l’actualité évoque des choux et des carottes. Les trois téléskis de Notre-Dame-du-Pré au déficit de 20.000 Euros, la station de l’Alpe du Grand Serre et quelques 3 millions d’Euros dépensés par la communauté de communes depuis 2017, et les 350.000 Euros annuels perdus au Grand Puy. Les échelles de grandeur n’ont rien à voir. Les installations non plus.

Alpe du Grand Serre (38)1.367 – 2.184m15 remontées, 55km de pistes
Le Grand Puy (04)1.280 – 1.736m5 remontées, 22km de pistes
Notre-Dame-du-Pré (73)1.255 – 1.510m3 remontées, 2km de pistes

3. « Trois stations qui s’ajoutent à 180 déjà fermées ». Oui et non.

On évoque souvent toutes les stations déjà fermées en France. La grande majorité d’entre elles ne méritent pas tout à fait ce nom. Souvent un unique téléski à l’arrière du village ouvert le mercredi pour les enfants. Situées à des altitudes très basses, ces installations ont depuis longtemps vu la neige disparaitre. Si le Grand Puy et Notre-Dame-du-Pré tombent peut-être dans cette catégorie, le cas de l’Alpe du Grand Serre est plus inquiétant. Avec des pistes qui culminent à presque 2.200 mètres et un domaine skiable de plus de 50km, la station iséroise joue clairement dans une autre catégorie. Dans laquelle on trouve malheureusement nombre d’autres stations en activité. De là à dire que le ski est terminé…

Focus Alpe du Grand Serre. Les collectifs Alpe du Grand Serre Demain et La Morte vivante ne baissent pas les bras et espèrent toujours une ouverture cet hiver. Ils réunissent des fonds et comptent sur la mobilisation de leurs élus.

4. « C’est clairement la fin du ski ». Toujours pas.

Si ces trois cas sont bien réels, et que d’autres stations suivront sans aucun doute dans les mois ou années à venir, ils sont encore marginaux dans l’écosystème économique du ski en France. L’Hexagone est toujours l’une des premières destinations de ski au monde et comptabilise plus de 50 millions de journées skieurs vendues en 2023, en hausse de 2% notamment grâce aux Alpes et aux stations d’altitude. Domaines skiables de France estime que 10 milliards d’Euros sont dépensés chaque hiver en station. Des chiffres tirés par les plus grandes stations qui n’ont rien de comparables à celles qui ferment aujourd’hui. A titre de comparaison, quand le Grand Puy faisait 50.000 Euros de chiffres d’affaires la saison dernière, en forte baisse, la SETAM (remontées de Val Thorens) approchait des 70 millions d’Euros, en augmentation. Un rapport de 1 à 1.400.

Illustration © Pixabay

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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