La presse internationale évoque depuis quelques semaines la naissance de la première station de ski sans remontée mécanique d’Europe. Si le qualificatif de « première d’Europe » flaire bon l’innovation, la réalité est un peu différente.
Jusqu’à cette année, une station de ski sans remontée mécanique existait bel et bien dans le Colorado (Etats-Unis). Baptisée Bluebird, elle a cessé ses activités il y a quelques mois. Mais jusqu’à l’hiver dernier, elle proposait à ses clients l’accès à un grand domaine de ski de randonnée. Si les pistes n’y étaient pas damées, elles étaient bel et bien tracées. Un certain nombre étaient même tout à fait adaptées aux débutants. Près de 485 hectares surveillés par des pisteurs et au risque d’avalanche contrôlé. L’accès à ces pistes était payant, en échange du service de balisage, des pisteurs… une cinquantaine de dollars par jour. En installant un véritable camp de base au milieu de nulle part, Bluebird était – à sa manière – une station de ski.
Une initiative italienne, Homeland
Un article du Financial Times a récemment laissé entendre qu’une station sans remontée mécanique existait désormais en Europe. Il fallait regarder de plus près pour comprendre qu’ils étaient allés un peu vite en besogne. Homeland, c’est le nom de cette initiative située dans le nord de l’Italie, à 2h de route de Milan. Les pentes au-dessus du village de Montespluga sont accessibles, gratuitement, comme une bonne partie des massifs montagneux de la planète, aux skieurs de randonnées. Homeland propose de louer du matériel pour accéder à ce secteur. L’organisation offre aussi les services de guides de montagne. Et si plusieurs pistes de montée sont balisées, la descente se fait en 100% hors-piste. Avec cette description, nul doute que plusieurs dizaines de stations sans remontée mécanique existent aussi en France.
Un bureau des guides + un magasin de sport = une station ?
Les bureaux des guides et magasins de sports sont nombreux à proposer encadrement et matériel pour accéder à des vallées entières dépourvues d’infrastructures de transport par câble. Des offres qui ne sont généralement pas marketées comme Homeland. Et pour cause, les deux hommes derrière cette initiative sont des communicants, patrons d’une agence d’événementiel milanaise. L’installation de leur boutique de location de matériel dans ce village et son partenariat avec une agence de guides locale attirent sans aucun doute pas mal de visiteurs. A tel point qu’une vieille auberge a repris du service l’hiver dernier, forte d’une nouvelle clientèle de touristes.
Un ski plus durable ?
Loin des canons à neige gourmands en énergie et des usines à ski qui attirent des clients à l’empreinte carbone déjà lourde, il s’agit sans aucun doute d’une approche plus durable de la pratique du ski. Mais elle n’a rien de nouveau. La période du covid a vu exploser en France la pratique du ski de randonnée. Et si la réouverture des domaines skiables a ralenti cette forte croissance, les pratiquants sont toujours nombreux. Avec ou sans spécialistes du marketing, les guides et moniteurs de ski de tous nos massifs accompagnent des clients à longueur d’hiver sur des dizaines d’itinéraires de ski de randonnée. Quant aux stations de ski « traditionnelles » (celles avec des remontées mécaniques), elles ont tracé ces dernières années de nombreux circuits pour les skieurs de randonnées pour répondre à une demande croissante de certains clients.
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