Le cordyceps, ce champignon aux nombreuses vertus, avait sauvé de la banqueroute nombre d’éleveurs mis en difficulté par le changement climatique. Mais il semble que cette nouvelle économie ne soit pas très durable. Le déclin du cordyceps est engagé depuis plusieurs années.
Les pâtures moins nombreuses, les produits laitiers difficilement conservables, l’état de santé des yaks en déclin… petit à petit, les éleveurs de yaks ont vu leur source de revenu fondre comme neige au soleil. Première cause de cette évolution, le changement climatique. Pour faire face à cette crise, ils ont commencé à s’intéresser aux cordyceps, ce champignon vendu une fortune à la médecine traditionnelle chinoise.
Les conséquences visibles du business des cordyceps
En quelques années, le niveau de vie de dizaines d’éleveurs de yaks a ainsi été transformé. Dans le village de Sephu, 80% des foyers avaient un revenu inférieur à 1.000 Euros par an. La moyenne dépasse aujourd’hui les 3.000 Euros. Cet exemple, rapporté par le journal bhoutanais Kuensel n’est pas isolé. Et il rend certaines régions bien plus attractives qu’autrefois. Jadis en cours de désertification, les montagnes attirent de nouveaux habitants. Ce même village est ainsi passé de 265 foyers en 2004 à 319 en 2018. Mais cette aubaine pourrait n’être que de courte durée. Les « pratiques de collecte non durables, les perturbations de l’écosystème et les impacts du changement climatique provoquent un déclin rapide des cordyceps » explique l’article. Et de citer plusieurs villages dans lesquels la récolte du fameux champignon n’est d’ores et déjà plus suffisante pour assurer la « subsistance des habitants ».
Le déclin du champignon cordyceps
Déjà en 2020, des acteurs de cette industrie s’inquiétaient de pratiques non durables et des résultats déjà catastrophiques. Un village qui avait collecté près de 12 kg de cordyceps en 2014, n’avait réussi à en trouver que 6 kg en 2015 et moins de 2 l’année suivante. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a d’ailleurs classé le champignon comme vulnérable depuis 2019. Dans certaines régions du Bhoutan, il a d’ores et déjà presque disparu.
Cette nouvelle source de revenus, exploitée notamment par des éleveurs de yaks jusqu’alors en difficulté, n’aura peut-être été qu’un palliatif temporaire. Des pratiques de récolte durables existent mais la surexploitation n’est pas la seule cause de la disparition du champignon. L’évolution de l’enneigement et d’autres paramètres climatiques ont aussi un impact sur le cordyceps. Les cueilleurs des montagnes du Bhoutan n’auront guère de prise sur cette partie-là. Le déclin du cordyceps semble à bien des égards inéluctable. Et avec lui l’impact sur l’économie de régions entières.
Illustration © Rafti Institute, CC BY 2.5 via Wikimedia Commons