Dans un pays mondialement connu pour ses catastrophes aériennes, l’avion est encore très attendu dans certaines régions reculées. Mais nombre d’aéroports du Népal restent fantomatiques.
L’aéroport de Kotwada pourrait prochainement recevoir ses premiers vols commerciaux. Cette petite installation dans les montagnes du Népal a pourtant vu le jour… il y a 37 ans ! Mais ces derniers mois, raconte le Kathmandu Post, une entreprise a été mandatée pour goudronner la piste faisant miroiter une possible ouverture aux habitants de la région. Lancé à une époque où la route n’arrivait pas jusque-là, l’aéroport n’a jamais ouvert ses portes. Entre temps, le village a été relié au réseau routier. Les locaux espèrent malgré tout l’ouverture de l’aéroport, il pourrait apporter des touristes et développer l’économie locale, mais aussi être bien utile en cas d’urgence médicale. Pourtant, personne ne semble savoir si des avions se poseront là un jour. Il faut dire que les cas similaires sont nombreux dans le pays himalayen.
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Ces aéroports népalais qui ferment
A Chaurjahari, la piste a été goudronnée en 2015 mais aucun avion ne s’est posé dessus depuis. Les troupeaux ont pris possession des lieux et les avions ne sont pas près de revenir. Officiellement à cause du manque de passagers dans le secteur. Officieusement, parce que la compagnie Nepal Airlines n’a pas assez d’appareils pour exploiter ces lignes. Avec leurs petites pistes, ces aéroports nécessitent de petits avions qui se font de plus en plus rares dans le pays. Les compagnies népalaises investissent d’ailleurs dans des avions de plus grande taille, afin de réduire leurs coûts de fonctionnement.
Les rares compagnies à disposer de petits avions se concentrent sur les destinations les plus rentables. Notamment celles qui desservent Lukla et ses milliers de touristes étrangers au fort pouvoir d’achat. Transporter des Népalais n’est pas assez rentable au goût des compagnies. Un vol Katmandou – Lukla via yeti Airlines est facturé 69 Euros à un Népalais, près de 175 Euros à un Français. Les destinations qui n’intéressent que les Népalais n’ont aucune chance d’attirer les compagnies.
Quand la route concurrence le ciel
Sur les 55 aéroports que compte le Népal, seuls 19 sont en fonctionnement. Parmi les autres, la plupart ne sont plus en état de fonctionnement et nécessiteraient de nouveaux investissements massifs pour être remis en route. Quand ces derniers sont décidés, comme à Manang en 2013, ils ne sont pas en phase avec les capacités des transporteurs. L’aéroport Humde de Manang a ainsi été rénové, notamment sa piste. Mais les vols n’ont jamais débuté. Si la route est entre temps arrivée dans la région, le réseau est loin d’être fiable et un aéroport aux portes du Circuit des Annapurna pourrait probablement attirer nombre de touristes.
Ailleurs dans le pays, la route fait clairement concurrence à l’aérien. Mais les conditions au Népal rendent régulièrement les routes impraticables, notamment en période de mousson. L’avion pourrait alors rendre des services vitaux aux habitants, notamment s’agissant d’urgences médicales. Hélas si la région en question n’est pas une région touristique, les habitants peuvent attendre l’avion longtemps, piste récemment goudronnée ou pas… il ne viendra pas.
Illustration © Smnbhattarai by Wikimedia Commons | CC BY SA 4.0