En Espagne, un projet de liaison entre des domaines skiables existants est sous le feu de l’actualité. L’Aragon Sky Circus peine à trouver des soutiens tant l’ambition de développement du tourisme de neige quoiqu’il en coûte semble sortir tout droit des années 70.
Le début de la saison de ski a été compliqué avec un enneigement très limité en décembre et pour les fêtes de Noël. Dans plusieurs massifs, des stations avaient simplement fermé leur domaine skiable. Les modèles utilisés par les climatologues et spécialistes sont formels, ce type de phénomène se reproduira, avec une fréquence croissante. Dans ce contexte, l’avenir de certaines stations est évidemment en question. Ce phénomène n’épargne pas les Pyrénées, bien au contraire.
Relier deux domaines skiables existants !
Au même moment, l’Espagne vient d’approuver un important projet de liaison entre deux domaines skiables existants. Un méga-projet que l’on croyait abandonné depuis 2015, à deux pas de la fameuse gare de Canfranc. Il s’agirait ainsi de créer le plus grand domaine skiable du pays, au cœur des Pyrénées aragonaises. Un domaine skiable de près de 300km de pistes qui rivaliserait avec ses homologues alpins. Relier les pistes d’Astun et Formigal passerait principalement par une télécabine de presque 9 kilomètres. Quelque 60 millions d’Euros d’investissements pour un projet baptisé Aragon Sky Circus et qui ressemble à s’y méprendre à ce que l’on envisageait en montagne il y a 50 ans. A une époque où la neige semblait garantie pour toujours, et les préoccupations environnementales l’apanage de quelques rares activistes.
Aragon Sky Circus, un financement inattendu…
Pourtant Bruxelles aurait déjà attribué une subvention massive pour soutenir le projet et le soutien intéressé de plusieurs puissantes familles aragonaises pourraient bien permettre à l’idée d’aboutir. Quand bien même les habitants et nombre de politiques locaux rejettent le projet. Et quand bien même les fonds européens sont-ils censés accompagner une initiative sans dégâts environnementaux. Et si l’intérêt économique d’une telle extension est sans doute discutable, tant ces massifs sont touchés de plein fouet par le recul de l’enneigement, l’impact sur la nature pourrait bien être catastrophique.
La Canal Roya, un joyau à détruire ?
Pour relier ces domaines skiables, une zone vierge de toute infrastructure humaine devrait être traversée. Une vallée située en bordure du Parc National des Pyrénées et dont la richesse floristique et faunistique n’est plus à démontrer. Le site regorgerait également de vestiges intéressants pour les paléontologues. Cette vallée, la Canal Roya, est même en passe d’être classée. Mais cela ne semble pas entamer la détermination du Président d’Aragon qui semble persuadé que son projet est dans le sens de l’Histoire. Localement, les avis dissonants ne sont pas beaucoup entendus. Et pour cause, les principaux médias aragonais sont la propriété des familles qui exploitent les domaines skiables actuels.
Illustration © Ander-Pirineos by Wikimedia Commons – CC BY-SA 3.0