The North Face, comme d’autres équipementiers outdoor engagés, ne cache pas son dégoût pour les énergies fossiles. Mais derrière la position « verte », certaines incohérences sont mises en avant… par l’industrie pétrolière.
En décembre dernier, l’équipementier outdoor The North Face faisait la une de la presse pour avoir refusé d’honorer une commande de 400 vestes passée par… un groupe pétrolier du Texas. La marque ne souhaitait pas se voir associée à l’industrie pétrolière. Emboitant le pas d’autres entreprises qui cherchent à dénoncer une industrie favorisant les émissions de gaz à effet de serre et ses impacts en matière de changements climatiques. Il y a quelques jours, c’est une autre société de l’univers des énergies fossiles qui a remis le sujet sur le tapis. Soulignant l’incohérence majeure entre le discours militant de l’équipementier et sa dépendance flagrante aux énergies fossiles.
Quand le pétrolier texan dit ce qu’il pense
Chris Wright, le patron de Liberty Oilfield, explique sa vision du sujet dans une vidéo mise en ligne sur le site thankyouthenorthface.com (lien en anglais) ! Une « vaste majorité des produits The North Face : vestes, sacs à dos, pantalons outdoor, t-shirts, chaussures, chapeaux, etc. sont majoritairement produits à partir du pétrole et du gaz que nous sommes fiers de produire. Dans le monde, 60% des fibres textiles sont faites à partir de pétrole et de gaz. Pour The North Face, c’est plutôt 90%, juste parce qu’ils fabriquent des produits haut-de-gamme et hautes-performances ». Des panneaux d’affichage dans les rues, un site internet dédié, une vidéo visionnée plus d’un million de fois sur Twitter et très largement relayée par des médias conservateurs… la campagne marketing de Chris Wright marche à merveille.
The North Face et les autres : une volonté de s’améliorer ?
C’est un fait, une grande majorité des produits outdoor sont produits à partir de pétrole et de ses dérivés. Et c’est aussi un problème. Car même à près de 8.400 mètres d’altitude sur l’Everest, la neige est pleine de microparticules de plastique. Elles proviennent des tentes, des combinaisons, du matériel utilisé par les alpinistes. The North Face n’est pas le seul responsable. Et utiliser du pétrole n’empêche pas d’émettre des critiques sur les conséquences de son utilisation. La position du groupe américain – si elle est manifestement inconfortable – n’est pas pour autant complètement illégitime. L’industrie pétrolière est son premier fournisseur, mais peut-être plus pour longtemps. The North Face a récemment pris des engagements pour une utilisation de matières premières plus « durables ».
La marque compte n’utiliser que des « tissus régénérants, biologiques ou issus de sources responsables et renouvelables » d’ici à 2025 pour ses vêtements et 2030 pour le reste de sa gamme. Et on ne parle là que du plastique. Mais les traitements chimiques appliqués sur certains produits, notamment pour les imperméabiliser, sont également une plaie pour l’environnement. The North Face dit s’« efforc[er] de remplacer » ces traitements par des « options préférables du point de vue écologique ».
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