Ce week-end, les rassemblements se sont multipliés pour demander au gouvernement de revoir sa copie sur l’ouverture des domaines skiables à Noël. Un référé liberté a été déposé en conseil d’Etat. Si professionnels et élus de montagne maintiennent la pression, un maire de Haute-Savoie fait entendre une voie dissidente.
Plusieurs milliers de professionnels des domaines skiables ont manifesté ces derniers jours. En station ou dans les vallées. Comme ci-dessous à Chambéry. Les revendications sont claires. Que les autorités permettent l’exploitation des domaines skiables à Noël, ou du moins attendent d’y voir plus clair sur les derniers chiffres de l’épidémie de covid-19 avant de statuer. A ce stade, les exploitants considèrent cette mesure comme « incompréhensible au regard de l’évolution de l’épidémie ».
#Manifestation ce matin à #Chambéry pour l’ouverture des remontées mécaniques 🚠 ✊ pic.twitter.com/8Bjas9AF8w
— Laurent Reynaud (@l_reynaud) December 5, 2020
Un référé liberté déposé en conseil d’Etat pour permettre de skier à Noël
Les effets sur la pandémie du week-end de Thanksgiving aux USA sonnent pourtant comme un rappel que le covid-19 n’a pas disparu. Et que les rassemblements des fêtes de fin d’année pourraient avoir un impact comparable en Europe. L’argument avancé par les exploitants de domaines skiables est que fêter Noël dans un appartement parisien ou un chalet savoyard n’y change rien. Ils soulignent en complément que les protocoles sanitaires mis en place dans les stations sont draconiens.
C’est dans cette logique que les élus de montagnes et les professionnels ont déposé en fin de semaine dernière un référé liberté auprès du conseil d’Etat. Pour que ce dernier annule la décision du gouvernement. Ce type de requête en urgence permet au juge administratif de se prononcer rapidement et de statuer sur une décision qui porterait « atteinte à une liberté fondamentale ». Comme la liberté d’expression. Si la liberté de skier n’est certainement pas une liberté fondamentale, qu’en est-il de celle de maintenir une activité économique ? Qu’en est-il de celle d’aller et venir (notamment avec les remontées mécaniques, moyens de transport) ? Réponse dans les prochaines jours.
Lire aussi : Le Club Med, Belambra et les autres n’ouvriront pas à Noël
Le maire de Samoëns fait entendre sa voix
Dans le même temps, le maire de Samoëns a fait entendre une autre voix. Dans un communiqué de presse de sa commune de Haute-Savoie, Jean-Charles Mogenet considère que ce n’est « pas le rôle des élus locaux d’inciter à la manifestation ». Ce bucheron de métier, élu très largement aux dernières élections, souligne l’ « image déplorable » envoyée à la population du pays. Il ajoute « nous sommes des privilégiés qui vivons dans des lieux de rêve et nous nous plaignons (…) ».
Il encourage à œuvrer pour les plus fragiles : « saisonniers, les jeunes, les chefs d’entreprises petites ou grandes qui sont en difficulté ou vont l’être » plutôt que contester. S’il voit bien que la décision du gouvernement « n’arrange pas les affaires » il souligne aussi que « le chômage partiel a plutôt bien rempli son rôle ». Enfin, il fait le lien avec la nécessité des stations à se réinventer. La « diversification ne doit pas être que le tourisme 4 saisons » rappelle-t-il.
Illustrations © DR