Pour réduire la concurrence entre les pays aux pistes fermées et ceux qui permettent le ski, tout en limitant les risques de propagation du virus, la France et l’Allemagne veulent empêcher leurs ressortissants d’aller skier à l’étranger pour les fêtes. Les Français et les Allemands qui voudraient skier à l’étranger pour Noël vont devoir y réfléchir à deux fois.
Avec les domaines skiables français fermés pour Noël, les professionnels de la montagne sont montés au créneau. Parmi leurs arguments, la sécurité sanitaire des stations arrivait bien en tête. Un autre thème était abordé, celui de la concurrence déloyale entre des stations autorisées à proposer du ski, et d’autres non. En ligne de mire : Suisse et Autrichiens, qui comptent bien laisser leurs pistes ouvertes pour les fêtes de fin d’année. Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur d’un dispositif de mesures « restrictives et dissuasives » pour empêcher les Français d’aller skier chez nos voisins suisses ou ailleurs en Europe. Des contrôles aux frontières et de possibles quarantaines ont été évoqués.
Si concurrence il y a, elle est traditionnellement sur des clientèles étrangères plus volatiles. A l’image des Britanniques qui fréquentent la France, mais aussi la Suisse. Ou des Néerlandais que l’on retrouve en France et en Autriche.
Les Français n’ont pas vraiment l’habitude de skier à l’étranger
La clientèle française en Suisse et en Autriche est relativement marginale. En Suisse, les Français n’arrivent pas dans le Top 3 des nationalités étrangères fréquentant les domaines skiables. Allemands, Britanniques et Belges arrivent nettement en tête. En Autriche, c’est encore plus flagrant : plus de la moitié des skieurs du Tyrol sont allemands. Viennent ensuite les néerlandais, puis les Autrichiens eux-mêmes. Les Français représentent environ 1% des skieurs du Tyrol. Autant dire que les restrictions qui pourraient être imposées par la France en matière de déplacement vers ces régions de ski ne font guère trembler les opérateurs de ces pays. Ce n’est évidemment pas le cas en Andorre où près d’un tiers des skieurs peuvent venir de France.
Les Allemands « bloqués » par une quarantaine ?
L’Autriche et la Suisse ont plus à craindre des mesures imaginées par Angela Merkel pour limiter les déplacements à destination des stations des pays voisins. A Berlin, un isolement de 10 jours a notamment été évoqué pour tout voyageur revenant de voyage d’agrément dans ces destinations de ski. Suffisant pour dissuader les skieurs ? Au-delà de la concurrence des stations autrichiennes, les autorités craignent aussi une propagation importante du virus au départ des stations de ski. Lors de la première vague, une station autrichienne s’était illustrée dans ce domaine. Des touristes contaminés avaient ensuite contribué à propager le virus jusqu’en Allemagne et même en Islande.
L’hypothèse d’une harmonisation à l’échelle européenne des règles concernant le tourisme de montagne est toujours d’actualité. Même si Angela Merkel juge assez difficile d’arriver à un consensus en la matière. L’Espagne reste divisée sur le sujet, la Pologne a décidé de n’ouvrir qu’aux Polonais. France, Italie et Allemagne maintiennent leur position de conserver les pistes fermées. Suisse et Autriche tiennent bon sur l’ouverture. Sans les clients allemands, la saison risque pourtant d’être très compliquée pour eux.
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