Avec une augmentation rapide des contaminations, un nouveau confinement est-il la solution pour éviter que la saison de ski ne s’arrête avant d’avoir commencé ? La saison touristique estivale a bénéficié du recul de l’épidémie favorisé par les effets du premier confinement, qu’en sera-t-il de cet hiver ?
Sans confinement, l’envolée de l’épidémie de covid-19 risquait à coup sûr de mettre un coup d’arrêt à la saison hivernale à venir. Avec un confinement, les conséquences ne sont pas si claires que cela et les incertitudes sont grandes. Le tourisme hivernal n’est qu’une petite partie de l’industrie touristique française. Aura-t-il suffisamment de poids pour faire entendre sa voix ? Il pourra certainement compter, comme cet été, sur une clientèle française. Encore faudra-t-il que les règles en vigueur permettent aux touristes de se déplacer. Ce n’était pas le cas à la sortie du premier confinement.
Le tourisme hivernal, un enjeu majeur… en montagne !
L’industrie du ski emploie directement quelques 18.000 salariés en France. Indirectement, ce sont près de 120.000 emplois qui sont liés à l’ouverture des domaines skiables. Entre les hébergeurs, les commerçants, les moniteurs de ski… (Chiffres Domaines Skiables de France). Sur les seules Savoie et Haute-Savoie, les retombées économiques générées par le ski sont estimées à 5.8 milliards d’Euros par hiver (chiffres Savoie Mont-Blanc ). Autant dire que l’enjeu d’une saison maintenue est très important au plan régional et vital pour l’économie locale.
Au plan national, le tourisme hivernal a une importance plus mesurée. Le secteur touristique en France, c’est entre 6 à 8% du PIB, et quelques 2 millions d’emplois directs et indirects. Parmi eux, les 120.000 des stations de montagne. Sur les 170 milliards de recettes annuelles du secteur, ce sont quelques 50 à 60 milliards qui auraient déjà été perdus en 2020 (Chiffres Bilan fin d’été 2020 Atout France), malgré un été meilleur en France qu’en Italie ou en Espagne. Des pertes notamment très marquée en Ile de France où plus de 420.000 emplois vivent habituellement du tourisme. La faute, entre autre, à l’absence de la clientèle étrangère.
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Les clients Français, dimension clé de la résilience du tourisme
La résilience de l’industrie touristique cet été est notamment à attribuer aux Français, qui sont nombreux à être partis en vacances. Près d’un français sur deux est parti en vacances en juillet ou en août (53%). La destination « littoral » arrivant en tête. Sans les effets du premier confinement, de tels déplacements auraient-ils été possibles ? Le recul de l’épidémie a en tous cas permis aux contraintes sanitaires d’être allégées pendant l’été.
En hiver, les Français sont toujours très majoritaires. Ils représentent à eux seuls quelques 74% de la clientèle des domaines skiables. Si ce ratio se révèle très déformé dans certaines stations, le reste des clients sont la plupart du temps européens (Royaume-Uni inclus). Les touristes empêchés par la fermeture des frontières de l’Union Européenne ne représentent qu’environ 2% des clients des stations. Plusieurs dizaines de % dans une poignée de stations. Les Français peuvent donc bien « sauver » la saison hivernale. Pour peu qu’on leur en laisse la possibilité.
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Le deuxième confinement sera-t-il suffisant ?
Si le confinement actuel est supposé durer jusqu’à début décembre, nombreux sont les experts scientifiques à douter de son efficacité. Pour permettre d’inverser les courbes de contaminations, le confinement de mars-avril avait duré près de 2 mois, jusqu’au 11 mai. Et le virus se propageait alors moins vite et moins largement dans la société qu’aujourd’hui. Les hypothèses de voir le confinement se prolonger a minima en décembre ne peuvent donc pas être négligées. Et les règles appliquées pour le déconfinement ne sont pas encore connues. Il y a quelques mois, des restrictions sur les déplacements de longue distance s’appliquaient encore après le confinement. Le 12 mai dernier, le confinement était terminé mais il était impossible de traverser la France pour partir en vacances. Qu’en sera-t-il au lendemain du deuxième confinement ?
Si l’on reconduit la logique du premier confinement, les vacances de Noël pourraient bien disparaitre des espoirs des stations de ski. Quant aux vacances de février, poumon de la saison, elles seraient peut-être épargnées.
Plus que jamais, les stations se tiennent prêtes, avec leurs protocoles sanitaires, pour accueillir leurs clients. Nul doute que l’évolution du virus dans les jours et semaines à venir sera déterminante dans l’ampleur de l’impact sur la saison d’hiver.
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