Au cœur des Carpates, la station de Bukovel n’existait pas il y a 20 ans. Aujourd’hui, c’est une des principales destinations touristiques de l’Est de l’Europe. Première station du pays en kilomètres de pistes et en nombre de visiteurs.
Moins de 20 ans pour devenir LA destination
C’est au début des années 2000 qu’elle a commencé à prendre forme. En 2001, les premiers travaux démarrent et une première remontée mécanique voit le jour. D’autres suivent, puis des hébergements et d’autres infrastructures. En 2003, seuls 48.000 visiteurs viennent à Bukovel. Cinq ans plus tard, 850.000 journées skieurs sont enregistrées et le total continue de grimper. En 2017, selon la station, « 1.8 millions de visiteurs » sont venus à Bukovel dont presque 25% d’étrangers, notamment russes ou polonais. Une croissance à faire pâlir n’importe quel opérateur de station de montagne dans le monde. En moins de 20 ans, elle est passée d’inexistante à la plus grande station de ski d’Ukraine.
Au pays des oligarques… une station devenue publique !
Derrière ce projet, quelques personnages fortunés et controversés du pays. A l’image du milliardaire ukrainien Igor Kolomoïsky, dont la banque – Privatbank – a financé une bonne partie des investissements de Bukovel. Tombé en disgrâce auprès des autorités, sa banque a depuis été nationalisée mais par le truchement d’un changement de président, le milliardaire a refait son apparition dans le pays. Le nouveau chef de l’Etat étant un de ses anciens partenaires d’affaires… En attendant, c’est un autre magnat local, Oleksandr Shevchenko, qui dirigeait la station de Bukovel. On pouvait alors le croiser dans la station, « dans son 4×4 blindé, escorté par ses gardes du corps » expliquait le New York Times fin 2019 (lien en anglais). Ce même Shevchenko qui s’est présenté aux Elections présidentielles de 2019. Aujourd’hui, les 2/3 de la station (propriété de Privatbank) sont toujours détenus par l’Etat ukrainien.
12.000 lits dans les Carpates
Située à l’extrémité occidentale de l’Ukraine, la station est proche des frontières avec l’Union Européenne (Roumanie, Hongrie, Slovaquie et Pologne). Accessible facilement par la route et via les aéroports de Lviv ou Ivano Frankivsk. Elle est également aux portes de la Réserve de Biosphère des Carpates, classée par l’UNESCO, et qui abrite le point culminant du pays, le Mont Hoverla. Ouverte en été comme en hiver, la station a vite grandi. Accrobranches, tyroliennes, grand lac aménagé, pistes de ski, saut à l’élastique, piscines, boites de nuits… rien ne manque. Les hôtels aussi ont poussé. Avec les environs, quelques 12.000 lits touristiques sont accessibles à proximité plus ou moins immédiate des pistes. Au-delà des hôtels, on ne compte plus les chalets, souvent haut-de-gamme, construits dans le secteur. Car la station attire une clientèle à fort pouvoir d’achat venue des grandes villes d’Ukraine, de Russie et de l’Europe toute proche.
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Un nouveau Bukovel à venir ?
Un nouveau projet de station a récemment fait parler de lui à proximité de Bukovel. A la manœuvre : Igor Kolomoïsky, encore lui. Mais ce coup-ci, les écologistes sont montés au créneau. Car le projet est encore plus massif que Bukovel. 230 kilomètres de pistes, 33 remontées mécaniques et 120 restaurants. Le tout dans une zone boisée de haute altitude particulièrement fragile. Le projet est en attente mais loin d’être enterré.
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