Quand Alexandre quitte son job à La Défense pour s’installer au Népal, ce n’est que la concrétisation d’une vieille idée. Née – en partie – près de dix ans plus tôt dans un petit refuge du Parc des Ecrins. « J’avais 18 ans, je suis allé travailler au refuge du Tourond. Le gardien, Stéphane, était allé au Népal, il a titillé ma curiosité sur le pays. J’étais déjà bien passionné de montagne. » raconte-t-il. Quelques années plus tard, avec son premier salaire d’ingénieur, Alexandre file faire le tour des Annapurna. Il ne tardera pas à s’installer là-bas et même à y monter une agence de trekking. Avec deux associés népalais, Babulal et Aribol, il se met alors à proposer des treks à des clients français. Les trois viennent d’horizons très différents, entre un Français, un Tamang (bouddhiste) et un Brahman (Hindou). Le nom de l’agence est une évidence. Tribeni. En népalais, le confluent de trois rivières.
Une approche volontairement à contretemps
Son agence, il l’a construit à contretemps de l’évolution du marché du trekking, volontairement. Quand les gros opérateurs se concentrent sur les itinéraires les plus connus, il défriche des régions isolées. « Ce col, je suis sûr qu’on est les seuls à y passer chaque année » explique-t-il en parlant d’un de ses treks dans la pourtant très prisée région des Annapurna. Quand les concurrents proposent plus de séjours dans le confort « trop rodé » des lodges, il développe de nouveaux parcours en tente. Certains gros tour-operators occidentaux font appel à son expertise pour les rares expéditions hors des sentiers battus qu’ils cherchent à mettre sur pied.
Il sait bien que son approche est dissonante « on cherche le qualitatif, je préfère que nos clients ils viennent une fois mais pour un trek différent plutôt que deux fois pour faire toujours la même chose ». La volonté des autorités, de même que la stratégie de l’ « immense majorité » des agences de treks est de faire la quantité. Toujours plus de visiteurs. « Nous, on cherche l’équilibre des prix, que nos équipes soient bien rémunérées et voilà, pas plus ».
Des treks immersifs loin des best-sellers du Népal
Le Tour du Saipal, ce 7.000m de l’ouest népalais ou une Haute Route aux confins du massif des Annapurna, une incursion dans le Royaume du Mustang… des itinéraires créés par Alexandre, qui sortent des sentiers battus. « Je sais qu’on va ramer pour attirer les clients ». Car les touristes sont nombreux à vouloir s’aventurer sur les sentiers du Népal, mais ils se focalisent souvent sur quelques itinéraires très connus (camp de base de l’Everest, tour des Annapurna…). C’est principalement le bouche à oreille qui permet donc à Alexandre d’attirer des visiteurs sur ses produits hors-normes. Parmi ses offres les plus originales, deux semaines en immersion au Népal. Au programme, une visite des principaux sites de la Vallée de Katmandou, un mini-trek avec une belle vue sur les Annapurna, quelques nuits chez l’habitant, un trek en dehors de tout itinéraire touristique (en pays Tamang), en tout petit groupe.
Aujourd’hui, toute l’activité est au point mort, covid-19 oblige. Alexandre espère encore que les vols vont reprendre à l’automne pour faire au mieux « 20% de son activité ». Il est résolument optimiste : « je pense que ça va repartir. Ça va mettre du temps, 1 an et demi à 2 ans pour que la confiance reprenne ».
Illustration – Camp de base du Pokarkang © Alexandre Ulcakar – Tribeni Trek
bravo Alex! alain ktm nepal