Les expéditions commerciales ciblent toujours les mêmes sommets. Les 8.000 qui suscitent le plus d’intérêt, comme l’Everest ou le Manaslu. Ou les montagnes plus accessibles, dont l’ascension a tout de la randonnée. On les appelle même les « trekking peaks ». Parmi les plus fréquentés : l’Island Peak ou le Mera Peak au Népal. Pendant des décennies, seuls les alpinistes professionnels ou les amateurs de haut niveau imaginaient s’attaquer à des sommets ou des voies jamais ouvertes. Pendant que les « touristes » se « contentaient » des « trekking peaks » et des 8.000 « sécurisés » par les nombreux sherpas. Désormais, des agences d’expéditions proposent des montagnes non gravies dans leur catalogue. Gravir un sommet vierge deviendrait donc accessible ?
Un sommet vierge pour 19.000 Euros !
Depuis quelques années, l’opérateur Madison Mountaineering propose régulièrement son « unclimbed peak ». Première ascension d’un sommet vierge au Népal. En 2018, l’agence avait emmené un petit groupe au sommet du Nupla Khang (6.861 mètres). Jamais gravi jusque là. Le prochain départ, non confirmé, est prévu pour octobre prochain. Il s’agit de gravir un sommet de plus de 6.700 mètres dans la région de l’Everest. Un package vendu près de 19.000 Euros (sans les vols internationaux).
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Entrer « dans les livres d’histoires »
Nims Dai, l’alpiniste qui a réussi à gravir les 14 sommets de plus de 8.000 mètres en à peine plus de 6 mois, propose le même type de programme. « Être le tout premier grimpeur à atteindre un sommet peut être considéré comme l’un des Saint Graal de l’alpinisme. Mais il ne s’agit pas uniquement des livres d’histoire : il y a étonnamment encore plus de montagnes non escaladées que de montagnes escaladées » explique-t-il. Une offre qui ne propose rien moins qu’ « entrer dans les livres d’histoire » en grimpant un sommet d’Himalaya ou d’Antarctique. Au-delà des sommets vierges, Nims Dai propose aussi des expéditions à la conquête de nouvelles voies sur des sommets déjà gravis.
Des sommets vierges partout dans le monde…
Dans les Andes, le guide Maximo Kausch estime qu’il reste 50 à 60 sommets entre 5.000 et 6.000 mètres d’altitude qui n’ont jamais été gravis. Il propose des expéditions capables d’en gravir 2 ou 3 à la suite. En 2019 et 2020, il a déjà emmené des clients sur quelques-uns de ces sommets vierges (qui ne le sont plus, du coup…). Au Kirghizstan, l’agence Adventure Peaks s’est fait une spécialité de vendre des ascensions sur des 6.000 jamais gravis. Ils sont légion dans cette région qui attire encore très peu de touristes. Tellement de choix qu’il est possible d’en trouver pour tous les niveaux, selon les promoteurs de ces aventures.
Des expéditions plus risquées ?
En montagne, s’aventurer sur un terrain vierge n’est pas une entreprise anodine. Même si l’altitude semble modérée et les difficultés limitées, la montagne en question n’a jamais été explorée. Vos guides, aussi professionnels soient-ils, ne connaissent donc pas les spécificités de ce sommet, ses pièges éventuels. Où passent les avalanches ? Ce glacier est-il crevassé ? Comment évolue le mauvais temps sur ce versant ? Où planter la tente pour être en sécurité ? Les montagnes les plus gravies sont parfaitement connues, ce qui permet de réduire certains risques. Depuis longtemps, on sait où installer des cordes fixes, où est le meilleur emplacement pour un camp d’altitude sur l’Ama Dablam ou l’Everest. Sur des sommets inconnus, il faut improviser. Si cette absence de connaissances sur la montagne fait le sel d’une telle expédition, elle peut aussi se révéler source de danger. A avoir en tête avant de faire son sac !
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