C’est sur les hauteurs de Malargüe, dans la Province de Mendoza, qu’un projet aux nombreux superlatifs pourrait voir le jour. 1.200 km à l’ouest de Buenos Aires, en Argentine, une nouvelle station de ski serait sur le point de naître. Ses promoteurs, épaulés par le cabinet de conseil américain Mountainworks (notamment à l’origine de la piste artificielle de Copenhague) vantent la dimension écologique du projet. Pas besoin de déployer des lignes haute-tension à travers la montagne, la station devrait fonctionner 100% avec des énergies renouvelable. Produites sur place ! Les fondateurs d’El Azufre (c’est son nom) parlent d’une première mondiale (en espagnol). Sur quelques 13.000 hectares avec suffisamment de neige pour skier 5 mois dans l’année.
Les travaux d’El Azufre prennent du retard
Pour atteindre le pied des futures pistes, il faut aujourd’hui parcourir quelques 90 kilomètres sur un chemin peu fréquenté. Ce dernier grimpe jusqu’à la frontière chilienne située au Col Vergara, sous l’œil du volcan Peteroa. Le sous-sol de la région est assez actif, ce qui promet de pouvoir notamment recourir à l’énergie géothermique. Ce dispositif pourrait être compléter par des éoliennes placées à des endroits stratégiques, ainsi que des panneaux solaires. Goudronner ce chemin et maintenir la route ouverte toute l’année, y compris à 2.500 mètres l’altitude du col, voici un défi indispensable à la construction de la station. Car le versant chilien pourrait évidemment apporter son lot de visiteurs.
Plusieurs milliers de lits étaient prévus pour l’hiver 2021. Avec l’impact du coronavirus, l’été qui vient de s’achever en Amérique du Sud n’a pourtant pas été propice au démarrage des constructions. Le projet sera donc partiellement retardé. Mais les promoteurs ont récemment présenté leurs idées aux médias argentins. Dès l’hiver 2021, il sera possible d’accéder au site et de skier (moyennant des motoneiges pour remonter les pentes ou en ski de randonnée). En 2022, les premières remontées mécaniques pourraient entrer en action. D’ici à 2024, 6 ou 7 hôtels, une dizaine de restaurants, et plusieurs pistes devraient voir le jour. Et même des pistes de ski de fond au pied du volcan avec halte possible dans des bains d’eau chaude !
Pour réduire l’impact carbone des milliers de visiteurs qui arriveraient en avion, le projet prévoit de planter des milliers d’arbres dans la région.
Un endroit parfait, pour l’extraction minière !
Voilà plusieurs années que Daniel Nofal et José Beccar, les porteurs de ce projet, passent le plus clair de leur temps dans la région. Ils ont étudié de près la topographie, la météo, les risques d’avalanche. Ils en sont certains : « c’est l’endroit parfait » ! Un lieu pourtant vierge de toute exploitation touristique qui se verrait transformé en destination internationale, à grand renfort de l’aéroport de Malargüe qui pourrait accueillir les visiteurs. La région ne devrait de toutes façons pas rester vierge de toute exploitation bien longtemps.
Les autorités locales cherchent à la développer coûte que coûte, par le tourisme mais pas seulement. Le maire de Malargüe est notamment un fervent défenseur de l’exploitation minière (en espagnol). En contradiction avec les directives nationales et provinciales, il tente – en vain – d’ouvrir de nouvelles mines sur son territoire riche en métaux précieux. La crise économique entrainée par le coronavirus pourrait donner un nouveau souffle à ces idées, mais pour l’heure, le gouverneur de la Province de Mendoza a fermé la porte à l’ouverture de nouvelles exploitations minières. « L’exploitation minière à Mendoza est un sujet clos » a affirmé Rodolfo Suarez.
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Illustration © Projecto El Azufre