Remplacer le trafic routier par des remontées mécaniques. Cette idée d’ascenseur valléen n’est pas nouvelle. Elle est déjà largement utilisée en Suisse et fait son chemin en France. A l’image de projets comme le Funiflaine ou l’Express Morzine-Avoriaz en Haute-Savoie. Ou encore le Skyvall à Peyragudes. A chaque fois, ces projets répondent à une double problématique. Relier la vallée et la station plus rapidement en limitant le trafic et avec une plus grande résilience face aux intempéries. Cerise sur le gâteau, le bénéfice pour l’environnement qui n’est pas négligeable.
Faire face à 2 millions de visiteurs annuels
Dans l’Utah (Etats-Unis), la même réflexion est à l’œuvre aux portes du Little Cottonwood Canyon. C’est dans cette zone difficile d’accès que l’on trouve deux des stations les plus fréquentées du pays/ Alta et Snowbird. Chaque année, plus de 2 millions de visiteurs entrent dans le canyon. Une très grande majorité en voiture. Dès que les conditions météo (neige fraîche,…) attirent les skieurs, les embouteillages se comptent en dizaines de kilomètres. Les autorités examinent une série de pistes pour réduire ces bouchons. Les enjeux sont clairs. L’idée est de réduire le temps de trajet pour les visiteurs en améliorant le trafic ou en proposant une alternative plus performante. Parmi les options envisagées, il est notamment question d’élargir la route en ajoutant une voie pour les bus.
13 kilomètres de télécabine !
Autre option proposée : une télécabine qui effectuerait le parcours de la route (à peu de chose près). John Gleason, un des responsables de l’autorité des transports dans la région est formel (en anglais) : « ça pourrait être la plus longue télécabine du monde, presque 13 kilomètres ». Un projet qui a un prix. Quelques 393 millions de dollars (348 millions d’Euros environ) à mettre sur la table dont 240 millions de dollars (213 millions d’Euros) pour la seule remontée mécanique.
Grosse différence avec les cas français, la géographie du canyon et la distribution des stations en enfilade a un impact sur le gain en temps de trajet. Quand le funiculaire des Arcs monte tout droit, en coupant les virages et arrive en station en parcourant quelques 3 kilomètres, la route serpente est couvre quelques 16 kilomètres. Résultat, un gain de temps. Ce que l’ascenseur valléen fait en 7 minutes, la voiture le fait en plus d’un quart d’heure. Un bon argument s’agissant de développer son utilisation.
La télécabine n’est pas toujours la solution la plus viable…
Pour arriver à Alta depuis l’entrée du Little Cottonwood Canyon, si le trafic est fluide, comptez 38 minutes de montée en voiture. La route est relativement rectiligne, pas d’épingles à cheveux à la française. Résultat, la télécabine ne fait pas le poids. Si on tient compte du petit temps de navette pour atteindre la gare de départ depuis le parking, c’est un total de 63 minutes pour arriver en station. Alors qu’en parallèle il sera toujours possible de monter en station en voiture, quel intérêt de prendre la télécabine ? Un péage pourrait être installé sur la route, rendant financièrement moins attractive la montée en voiture. Mais est-ce que ce sera suffisant ?
Dans ces conditions, l’élargissement de la route pourrait bien l’emporter au détriment de la solution la moins émettrice de gaz à effets de serre. A l’heure où d’autres projets de ce type émergent en France, il sera intéressant de suivre ce projet outre-Atlantique. A suivre donc…
Illustration © UDOT Utah