Alors que Luchon a annoncé ces jours derniers avoir finalisé l’enneigement de son front de neige en hélicoptère, la Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire a pris la parole. Sur Twitter, Elisabeth Borne a indiqué « enneiger les stations de ski par hélicoptère n’est pas une voie possible ». Employé en montagne depuis des décennies, l’hélicoptère a d’abord été d’une grande aide (secours, approvisionnement de refuges, aide à la construction…) avant d’être ainsi montré du doigt.
Enneiger des stations de #ski par #hélicoptère n’est pas une voie possible. Nous réunirons avec @JBLemoyne les acteurs concernés dans les prochains jours. https://t.co/V1uobKhy8n
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) February 16, 2020
L’hélicoptère, une si mauvaise idée ?
Comme à Montclar en fin d’année dernière, c’est l’argument économique qui a été mis en avant à Luchon pour justifier le recours à l’hélicoptère. Quel est donc la voie possible ? Les stations de moyenne montagne vont être confrontées dans le futur à de plus en plus d’épisodes de ce type. Pénurie de neige naturelle, températures trop douces pour faire fonctionner les canons à neige. Quand quelques litres de kérosènes permettent de sauvegarder des dizaines d’emplois pour quelques semaines, l’hélicoptère ne semble pas être, pour les opérateurs, une si mauvaise idée. Une station comme Luchon, déjà en grande difficulté financière ces dernières années, ne peut tergiverser s’agissant de fonctionner pendant la période la plus prisée de l’hiver.
Tout bien considéré, face à une noria de camions et de dameuses, c’est peut-être même l’option la plus écologique s’agissant du transport de la neige. Difficile à entendre pour certains, tant l’hélicoptère est un symbole ? Dans un contexte où la prise de conscience verte des populations est plus que d’actualité, le ski-bashing revient sur le devant de la scène. Pourtant, interdire l’utilisation de l’hélicoptère pour ce type d’opération, c’est condamner un peu plus les stations de moyenne montagne, sans leur apporter l’aide dont elles ont besoin sur les causes du problème. Si elles ont recours à l’hélicoptère aujourd’hui, avec le coût financier et d’image qu’il représente, c’est qu’elles n’entrevoient pas d’autres solutions pratiques à leur problème.
Une transition à réfléchir…
Quand toute l’économie d’un territoire s’est forgée autour de la neige, son absence est critique. Elisabeth Borne a prévu de réunir les professionnels du secteur dans les « prochains jours ». L’occasion, souhaitons-le, de parler plus globalement du futur des stations de ski (notamment celles qui sont le plus impactée par le changement climatique), et pas uniquement de l’usage de l’hélicoptère. De son côté, Domaines Skiables de France annonce la « réunion de son comité directeur dès la fin des vacances d’hiver », en soulignant comprendre l’émotion suscitée par le transport de neige en hélicoptère. La chambre syndicale des opérateurs de domaines skiables français précise néanmoins que ce type d’opération est extrêmement rare.
Nous comprenons l’émotion suscitée par le transport de neige par #helicoptère à #Luchon.
— Domaines Skiables (@DSkiables) February 16, 2020
Il ne s’agit pas d’une pratique habituelle (aucune station n’y avait eu recours l’an passé ou l’hiver précédent)
Notre comité directeur se réunira dès la fin des vacances d’hiver sur le sujet
Illustration Domaine skiable Luchon 17.02.20 © Webcam Luchon-Superbagnères