Recevoir 2 millions de visiteurs par an, c’est l’objectif que s’est fixé le Népal. A l’aube d’une nouvelle année placée sous la bannière « Visit Nepal 2020 », les autorités de Katmandou fourbissent leurs armes. Il faut dire que l’enjeu est de taille. En 2018, le pays avait pour la première fois dépassé la barre du 1 million de visiteurs. Il ne s’agira pas que d’une campagne publicitaire.
La formation de près de 10.000 professionnels du tourisme est également prévue. Chauffeurs de taxis, guides de trekking, hôteliers recevront prochainement des formations pour gagner en professionnalisme et offrir aux visiteurs étrangers de nouveaux standards d’accueil (pratique des langues étrangères notamment). Quelques infrastructures nouvelles devraient également être mises en service comme le nouvel aéroport Gautam buddha, à proximité de la principale destination de tourisme religieux du pays. L’armée est également mobilisée. Elle organisera plusieurs événements supposés attirer nombre de visiteurs : le Marathon du Népal ou une manifestation de parapente en sont quelques exemples.
Manque de créativité !
Mais le budget de la campagne Visit Nepal 2020 venant d’être adopté, les observateurs doutent qu’il puisse être dépensé de façon efficace. Les campagnes publicitaires déjà lancées présentent principalement les destinations de montagne et les sites religieux. Les deux principales attractions du pays. Les critiques fusent dans le pays sur le manque de créativité de la campagne. « Le Népal devrait valoriser d’autres destinations et d’autres attraits pour attirer de nouveaux touristes ! ». Les jeunes générations de Népalais peinent à trouver des idées innovantes pour booster le secteur. « Je pense que les jeunes stagnent. Ils ont été incapables de proposer des idées innovantes qui ne nécessitent pas beaucoup d’argent » affirme Yogendra Sakya, un entrepreneur népalais du secteur du tourisme.
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La dépense moyenne est en baisse
Mais les touristes ont beau être nombreux, le résultat ne sera pas forcément au rendez-vous. Et pour cause, une tendance inquiète les experts du secteur. Année après année, la dépense moyenne du visiteur diminue. En 2018, elle était de 44 dollars par jour et par personne. Le montant le plus bas sur les sept dernières années. Rien qu’en 2017, le montant était de 54 dollars. Les autorités se sont fixé un objectif de 75 dollars par jour et par personne. Un chiffre qui semble difficile à atteindre en l’état.
Les experts expliquent que le pays manque cruellement d’infrastructures permettant aux touristes de dépenser leur argent. Le seul aéroport international ouvert à ce jour au Népal n’a, par exemple, pas un seul duty-free pour les visiteurs : « cette possibilité n’est tout simplement pas disponible au Népal alors les touristes retournent chez eux avec leurs devises » explique Ashok Pokharel, Président de l’Association Népalaise des Tour Operators, pour Inquirer.net .
Les touristes qui viennent chaque année plus nombreux sont des routards, sac sur le dos. Ils dépensent traditionnellement moins que d’autres catégories. A ce titre, les principaux hôtels de luxe de Katmandou font grise mine. Leurs taux d’occupation et leurs bénéfices ont chuté au premier trimestre 2019 selon des chiffres récemment rendus publics.
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