Au-delà de ses expéditions en très haute altitude, la très grande majorité des touristes arrivant au Népal se « contente » de trekkings. Certains itinéraires du pays sont très fréquentés, comme le Tour des Annapurna ou le Trek du Camp de base de l’Everest. De nombreux tour-operators organisent ces trekkings en s’appuyant sur des guides locaux. L’Association Népalaise des Guides de Trekking (TGAN) a récemment adressé une lettre au gouvernement de Katmandou pour lui faire par de ses inquiétudes. Selon l’association professionnelle, les guides perdent peu à peu leur gagne-pain. En cause, la démocratisation des trekkings sans guide mais aussi la taxation trop importante du métier de guide.
Le trekker individuel, bête noire des guides
La TGAN a donc demandé aux autorités d’arrêter d’émettre des permis « Free Individual Trekker ». Ces autorisations permettent à tout un chacun de s’aventurer seul dans de nombreuses régions du pays, notamment sur certains itinéraires de trekkings très fréquentés. Dans le même temps, l’Association réclame la fin des frais d’entrée dans les parcs nationaux pour les guides. En effet, un guide népalais doit dépenser quelques 12 € (1.500 NPR) pour pénétrer dans les réserves nationales souvent traversées par les chemins de randonnées. Le Ministère du Tourisme n’a pas répondu à ces demandes.
En réponse à ce mutisme des autorités, la TGAN prépare des manifestations qui pourraient avoir un impact sur les trekkings organisés.
Illustration Guides de trekking © DR
Ce phénomène n’est malheureusement pas nouveau au Népal, mais le problème est bien plus profond qu’il n’y paraît ! Le problème ne vient certainement pas des trekkeurs individuels (soit dit en passant, leur imposer de prendre un guide pour un trek comme le CB Everest ou bien d’autres serait une privation des libertés de circulation dans l’espace himalayen, alors qu’ils sont déjà soumis à paiement, parois très cher, de permis d’entrée) mais bien plus du nombre croissant de guides, souvent mal formés, chaque année. Des centaines arrivent chaque année sur le marché en ne justifiant pas d’une compétence suffisante d’encadrement. Les guides se comptent par milliers au Népal, les meilleurs sont souvent affiliés à des agences, une autre poignée est freelance et les autres se partagent les miettes.
Au sujet de la taxation, il faut bien faire attention à ce qui se passe au Népal.
Les guides affiliés aux agences de trekking sont salariés en NET. Ce sont donc les agences qui reversent 15 % de leurs salaires à l’Etat. Mais le salaire est négocié en NET ; il me paraît donc compliqué d’incriminer le système fiscal puisque ce sont les agences qui assument ces frais (très élevés certes !!!).
Les guides freelance, eux, n’ont pas à se plaindre car ils paient rarement leurs taxes puisqu’il est compliqué pour le fisc de contrôler leurs ressources réelles. Ces guides n’ont pas de taxes sur les bénéfices, pas de frais bancaires de taux de change, pas soumis à la TVA et proposent souvent leurs services à des tarifs quasi similaires à des agences et cassent ainsi totalement le marché du trekking encadré.
A mon avis, bien avant les guides, ce sont les agences de trekking qui devraient être plus soutenues car, si bien sûr on constate les mêmes problèmes de fraude et de détournements, les agences sérieuses et honnêtes comme la mienne se retrouvent confrontées à une concurrence déloyale de part et d’autre.
Je pense sue dans toute cette masse qu’une législation plus protectrice et moins floue serait, à l’avantage de tous.
Sachez qu’il existe déjà une loi qui interdit tout trek au Népal sans Népalais (qu’il soit guide ou autre).
Vaste sujet !
Benoît PERRAUD
Agence Nepatrek
Très intéressant !
Ayant parcouru le Haut Himalaya en solitaire à plusieurs reprises (cf livres Népalsolo) je me pose logiquement en défenseur de la liberté de déplacement et de découverte du monde quand cela est fait avec intelligence, respect de la nature, des habitants et des lieux visités. Cela offre une ouverture d’esprit et une humilité incomparable ! Certaines grosses agences de treks internationales posent des prix démesurés et oublient de payer les porteurs et autres guides en conséquence des profits qu’elles peuvent dégager ! Cela est un vrai problème et à déjà été dénoncé par les guides d’ascension des sommets népalais qui avaient même fait la grève ! J’ai pu constater combien le pays s’est occidentalisé à vitesse grand V pour ce qui concerne l’appétit aux profits rapides…. Maladie chronique de notre occident obnubilé par l’argent ! Une fois encore, tout passe par une répartition équitable des richesses, chose qu’il nous faudra rapidement apprendre à faire et ce au niveau mondial et pas seulement népalais !
Yan SERRE
Auteur à Népalsolo.