Le ministère du tourisme de Tanzanie a dévoilé un nouveau projet sur les pentes du Kilimandjaro. Cette montagne, point culminant du continent africain, attire déjà quelques 50.000 grimpeurs chaque année. Mais les autorités de cet état d’Afrique de l’Est veulent accroitre massivement ce nombre de visiteurs. Ils ont tout naturellement lancé des études en vue d’installer un téléphérique sur le Kilimandjaro. Les porteurs qui par milliers gagnent leur vie sur les expéditions d’alpinistes voient ce projet d’un mauvais œil.
Ils craignent que la mise en service d’un tel téléphérique sonne le glas de leur activité. Les membres de la Mount Kilimanjaro Porters Society (MKPS) s’opposent fermement à une telle initiative. « La majorité des touristes grimperont le Kilimandjaro à la journée, en utilisant ce nouveau produit pour économiser sur leurs dépenses et la durée de leur séjour » explique son représentant. Il pointe également du doigt la massification du tourisme dans une zone aussi fragile que cette du Kilimandjaro.
Impossible jusqu’au sommet…
Avec un sommet culminant à près de 6.000 mètres d’altitude, il est impossible d’équiper la montagne jusqu’à son point le plus haut. Un visiteur qui monterait dans une cabine à 1.500 mètres d’altitude et sortirait quelques minutes plus tard à près de 6.000 mètres serait terrassé par la variation d’altitude bien trop violente. Le projet semble plutôt se diriger vers une remontée mécanique qui s’arrêterait sur le plateau de Shira, pas loin de la barre des 3.800 mètres d’altitude. Il partirait vraisemblablement là où s’arrête la route, aux alentours de 1.800 mètres d’altitude.
De fait, pour les grimpeurs désireux de raccourcir leur parcours, l’équivalent de 3 journées de trek pourrait être réalisé en quelques minutes. Pour autant, ces trois jours permettent aujourd’hui une acclimatation plus douce à l’altitude, optimisant les chances de réussite sur la partie à plus de 5.000 mètres. Si cette partie disparait, le taux de réussite au sommet va de facto se réduire significativement et/ou le nombre d’incidents liés à la haute altitude augmenter de façon sensible.
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Un vieux projet qui pourrait bien aboutir
Un tel projet n’est pas nouveau. Il a émergé dans les années 1960, à une époque où la Tanzanie n’avait pas les moyens d’investir dans une telle installation. Avec le boom du tourisme de ces dernières années, le pays se porte mieux. Les plages du pays ainsi que ses parcs à safari attirent un nombre croissant de visiteurs et les devises qui vont avec. Le ministère du tourisme réfléchit donc à toute une série de projets susceptibles d’accroître encore cette manne providentielle que sont les visiteurs étrangers.
Aujourd’hui, des études préliminaires sont en cours. Plusieurs fabricants de téléphériques se sont dits intéressés.
Illustration téléphérique Kilimandjaro (montage) © DR