Radovan Vitek est un personnage haut en couleur. A 47 ans, ce milliardaire tchèque s’est hissé dans le classement Forbes des hommes les plus riches de la planète. Sa fortune est estimée à 2,8 milliards de dollars (2,45 milliards d’euros), il est le patron du groupe CPI Property Group. S’il a fait fortune dans l’immobilier, notamment en Slovaquie puis en Tchéquie ou en Allemagne, il a aussi diversifié ses activités. Dans les 10 dernières années, Vitek s’est intéressé à sa station de ski favorite : Crans Montana. Depuis 15 ans, il fréquentait ses pistes, c’est tout naturellement qu’il est devenu actionnaire principal de la société qui exploite le domaine skiable, des parkings et des restaurants de la station.
Une arrivée discrète…
Une arrivée dans le Valais qui n’est pas du goût de tout le monde. Il y a quelques années, à la faveur d’un projet immobilier qu’il souhaite sécuriser, Vitek entre au capital des Remontées Mécaniques de Crans Montana (CMA) et achète 10% des parts. C’était au début des années 2010. Aujourd’hui, grâce à des augmentations de capital et au rachat de parts à d’autres actionnaires, il est devenu incontournable avec ses 85% !
CMA est aujourd’hui une des 350 filiales de son groupe international, une goutte d’eau dans un océan. Dans Le Temps, Radovan Vitek expliquait même : « Avec ses 100 millions, CMA représente 1% du bilan. L’année dernière, CPI a fait des bénéfices de l’ordre de 900 millions de francs (environ 790 millions d’Euros). On gagne de l’argent à Berlin, à Prague, partout dans le monde sauf à Crans-Montana. Les montants que j’ai investi dans CMA, c’est le profit que je réalise en un mois et demi avec CPI. Je les amortis donc assez vite. Pour moi, ce sont des cacahuètes et on m’embête avec ça ». Un qualificatif qui fera bondir les Valaisans qui lui sont encore hostiles.
Une station toujours en sursis
Une nouvelle augmentation de capital a été mise sur la table pour assurer la pérennité de la station. Il est question de 50 millions de francs suisses supposés empêcher la fermeture pure et simple de la station. Mais entre querelles interpersonnelles et difficultés financières de certaines communes, c’est Radovan Vitek qui risque fort d’apporter la majorité de la somme. S’il finance la totalité de cette recapitalisation, il deviendra propriétaire de quelques 95% des parts de CMA.
Pour apaiser les tensions, le Tchèque devrait d’abord solder un vieux passif. Il rachètera ainsi une autre de ses filiales, vendue il y a deux ans à CMA qui n’avait pas vraiment les moyens de l’acheter, et s’étouffait petit à petit dans ses dettes. « J’ai été choqué par l’ampleur qu’a prise cette affaire ». Une enquête à été ouverte sur la possible surévaluation de cette vente datant de 2016. En attendant, Radovan Vitek n’est pas homme à abandonner. « Je n’ai pas dans mes habitudes d’abandonner les projets dans lesquels je me lance. Je les finis toujours ». Il tire des plans sur la comète et dit vouloir faire de Crans-Montana : « la plus belle station des Alpes ».
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Illustration Crans Montana © Denis Emery