Les opérateurs de domaines skiables n’ont qu’une hantise : le manque de neige. Et les scientifiques spécialistes du changement climatique sont bien incapables de les rassurer. Les températures moyennes sont à la hausse et les chutes de neige sont – sur des tendances longues – en baisse significative. Ces professionnels du tourisme vont bientôt pouvoir dormir tranquille. Car une jeune start-up iséroise planche sur une nouvelle technologie de production de neige de culture. Produire plus de neige quelques soient les températures, ce serait techniquement possible. Et avec une empreinte écologique drastiquement revue à la baisse. Ça méritait d’aller à la rencontre de cette start-up. Rencontre avec AlpinovX, une équipe d’ingénieurs qui veut faire apporter son expertise dans cet univers.
Un assemblage inédit de technologies éprouvées
C’est à Veurey-Voroize, dans la banlieue de Grenoble, que nous reçoit Thomas Vinard, le co-fondateur et président d’AlpinovX. Cet ingénieur diplômé de l’INSA de Toulouse a travaillé pour Air Liquide. Puis sur des projets éco-friendly dans l’industrie automobile avant de se lancer dans la création de sa propre société. Avec deux amis ingénieurs et passionnés de montagne, ils commencent par réfléchir aux besoins actuels du marché du ski. « On était convaincus qu’on pouvait être créateurs de valeur sur ces problématiques de neige de culture ». Leurs expériences passées les aident à attaquer ce sujet à contre-pied. Pas question d’améliorer les technologies existantes en la matière, autant en créer une nouvelle. Mais pas en partant de la feuille blanche non plus. L’idée est d’arriver à assembler des technologies existantes d’une façon nouvelle : « un assemblage que personne n’avait envisagé jusqu’à présent ».
Vous avez dit efficacité énergétique ?
Plus efficace et plus propre, le produit AlpinovX attire assez vite des investisseurs. Il faut dire que sur le papier, les rendements sont bien au-delà des espérances du patron de station le plus fou. De quoi parle-t-on ? D’une facture d’électricité revue à la baisse et même d’un besoin d’eau moins important pour une quantité de neige identique à un système traditionnel. Mais ce n’est pas tout : un dispositif facile à connecter à des réseaux existants, léger à déplacer et même des performances assez stables avec un air ambiant à température positive. Autant dire la liste au Père Noël.
Alors les stations se prennent à rêver à ce beau projet. « On a assez vite obtenu des lettres de support des principales régies de remontées mécaniques » confirme Thomas Vinard. Rapidement, le Conseil Général de l’Isère monte à bord du projet, tout comme la CCI de Grenoble. Début 2018, c’est d’ailleurs dans trois stations iséroises que le prototype d’enneigeur AlpinovX sera testé grandeur nature. A Chamrousse, Vaujany et Villard de Lans.
L’occasion de vérifier sur le terrain que l’efficacité énergétique est bien au rendez-vous et ce, quelque soit la température extérieure. « On n’est pas des nivologues, moi j’ai jamais enneigé une piste à 3h du mat et par 100km/h de vent, je ne sais pas ce que c’est. On a besoin de capitaliser sur ces usages pour affiner l’ergonomie et la pertinence de toutes les fonctionnalités de notre système ». Après ces essais, l’équipe commerciale prendra le relais. Objectif : de premières livraisons aux clients à l’automne 2018.
Mais d’ici là, nous suivrons de près l’arrivée sur le marché de leur enneigeur aux performances tant attendues.