NOUVEAU/AJOUT : Autre regard, de Laurent Reynaud, Délégué Général de Domaines Skiables de France, à la suite de l’article.
Les pistes ne sont pas encore ouvertes mais les équipes de nivo-culteurs des stations sont à pied d’œuvre. Ils coordonnent l’action des canons à neige et assurent ainsi un enneigement satisfaisant à l’ouverture des domaines. Notamment si la neige naturelle n’est pas tombée en assez grande quantité. On cite souvent la consommation d’eau comme un élément problématique du recours à la neige de culture. Mais le deuxième ingrédient n’est pas négligeable non plus. Il s’agit de l’électricité. Si la consommation énergétique des canons à neige a été sensiblement abaissée au cours de la dernière décennie, l’électricité demeure une ressource indispensable au fonctionnement des canons à neige.
Difficile d’avoir un chiffre exact tant les consommations varient en fonction de types de canons (fixes, mobiles) et des conditions climatiques d’utilisation. On estime que l’énergie compte pour 30 à 50% du prix de revient d’un mètre cube de neige. Entre 20.000 et 30.000 kWh seraient utilisés chaque saison par hectare concerné. Un rapide calcul nous amène à un total compris entre 700.000 et 1.500.000 kWh par saison et par station.
Mais ces kWh, il veulent dire quoi ?
Par comparaison, un logement de taille moyenne consomme environ 2.700 kWh d’électricité par an (hors chauffage). C’est l’énergie nécessaire pour faire fonctionner l’ensemble du logement : appareils de cuisine (four, frigo, plaques), éclairage, machine à laver, sèche-linge, télévision, ordinateur… Une station peut donc consommer en une saison l’équivalent de plus de 550 logements en une année. Un foyer moyen étant composé de 4 personnes, une station peut consommer autant que 2.200 personnes.
Sur l’ensemble des stations, même s’il est difficile d’avoir des chiffres, on peut faire une estimation très prudente. Prenons uniquement les plus grandes : les 92 que comptabilise Domaines Skiables de France comme ayant un moment de puissance supérieur à 2.500 skieurs par heure. Si on prend ensuite le total moyen par station (ni le minimum, ni le maximum de la fourchette) : 1.100.000 kWh. On obtient une facture de 101.200.000 kWh, soit l’équivalent d’une ville de 150.000 habitants. Grenoble ou Dijon par exemple.
Un enjeu à garder en tête
Tout ceci n’est qu’un exercice très théorique, sujet à plusieurs approximations. Même avec une marge d’erreur de 25%, le résultat peut interroger. Illustration que dans un pays où 80% de l’électricité produite n’est pas d’origine renouvelable, le recours à la neige de culture est un enjeu environnemental complexe. Les ressources en eau sont bien sûr en question mais tout porte à croire que la consommation d’électricité devrait également nous questionner. Notamment à l’heure où les investissements en neige de culture se multiplient, soutenus massivement par les pouvoirs publics.
Un Autre Regard sur le sujet
Par Laurent Reynaud, Délégué Général
Domaines Skiables de France
<< Il est question dans cet article de consommation d’eau pour la neige de culture. C’est oublier que l’eau n’est que temporairement prélevée et qu’elle s’infiltre à nouveau dans les sols à la fonte de la neige, sur le même bassin versant : il faut donc parler de prélèvement et non de consommation.
L’article traite également largement des considérations énergétiques. La consommation nationale d’électricité est cumulée pour la neige de culture mais sans la mettre en rapport avec la fréquentation ce qui semble regrettable. En effet, on n’accueille pas 10 millions de visiteurs chaque hiver sans quelque énergie.
La consommation électrique de la neige de culture est de 2,1 kWh par journée skieur. C’est l’équivalent de deux pizzas que l’on ferait cuire successivement dans son four domestique 🙂 Il est donc probable que le repas consommé le midi en restaurant d’altitude par un skieur nécessite finalement autant d’énergie que la neige de culture qu’il aura fallu produire pour sa journée de ski (et constitue une petite partie de la consommation énergétique de sa journée).
Enfin si l’on peut déplorer que l’énergie électrique en France soit d’origine souvent non renouvelable, on peut se féliciter :
– que 50% de la production de l’électricité renouvelable soit produite en montagne (conduites forcées, barrages de montagne)
– que l’électricité en France ne produise que très peu de gaz à effet de serre.
La neige de culture reste un sujet mal connu. Nous nous efforcerons de redonner des éléments objectifs dans le débat pendant le cours de l’hiver. >>
Trop bien cette article ^^