Yvon Chouinard a 79 ans. Cet américain fils d’immigrés québécois a commencé l’escalade adolescent sur les falaises du Sud de la Californie. C’était dans les années 1950. Il passait beaucoup de temps à s’entrainer à Stoney Point et à Tahquitz Rock. Il était loin d’imaginer qu’il allait vite devenir un business man accompli.
La première forge
C’est sur ces parois de l’Ouest Américain qu’il fait la connaissance de Tom Frost avec qui il s’aventurera sur les big walls du Yosemite. Il achète sa première forge chez un ferrailleur et se met au travail. Il n’a pas le matériel nécessaire à ses ascensions, il va donc se le fabriquer. Les vieilles lames d’une moissonneuse batteuse, du charbon pour chauffer sa forge et c’est parti. Quelques semaines plus tard, il est de retour au Yosemite pour tester ses créations.
Le début du business
A 27 ans, il s’associe avec son copain Frost pour en faire un vrai business. Rapidement, les coinceurs en aluminium remplacent les pitons et l’entreprise commence à être connue dans le milieu des grimpeurs. Mais ce n’est pas le succès pour autant. Dans les années 70, le textile devient un moyen d’équilibrer les comptes. Chouinard vend alors ses premiers vêtements techniques. La marque Patagonia se tardera pas à apparaître. De nouvelles innovations permettent à la marque de se positionner comme un leader de son marché.
Black Diamond
En 1989, les déboires économiques de la forge Chouinard Equipment sont trop importants. C’est la banqueroute. Peter Metcalf (un autre grimpeur « amateur », employé de Chouinard) et ses partenaires rachètent alors cette partie et lui donnent le nom de Black Diamond. Aujourd’hui, un des leaders mondiaux de l’équipement outdoor. Chouinard se focalise alors sur le textile et sa marque fraîchement créée : Patagonia.
Un éco-engagement précurseur
Quand Chouinard décide de pousser le développement des coinceurs en aluminium, au détriment des pitons en acier ; c’est notamment pour préserver les parois de la détérioration. Cet engagement responsable sera l’un des axes forts du développement de Patagonia jusqu’à aujourd’hui.
Du faible impact écologique des usines de production à l’arrêt complet de l’utilisation de certaines fibres. Le coton utilisé est 100% bio dès 1996. En seulement 18 mois, la firme américaine change la composition de 66 produits pour supprimer le coton traditionnel. Place au Bio. C’était il y a plus de 20 ans. L’époque où Patagonia utilisait déjà des millions de bouteilles plastique pour fabriquer des polaires. En 2002, il participe à la création de 1% for the Planet, une organisation qui encourage les entreprises à reverser 1% de leur chiffre d’affaire à des ONG environnementales (plus de 150 millions de $ reversés en plus de 10 ans par quelques 1.200 membres).
« Je considère Patagonia comme une expérience, permettant de montrer qu’il est possible de faire des affaires tout en respectant les hommes et l’environnement » confiait Chouinard il y a quelques années. Il est toujours propriétaire de l’enseigne même s’il passe doucement la main sur le management opérationnel.
EN SAVOIR PLUS > http://www.onepercentfortheplanet.org/