Bilan de la saison

Bilan de la saison de ski, ça se réchauffe !

La saison hivernale touche à sa fin dans l’ensemble des massifs européens. L’heure de faire un premier bilan et de se projeter dans le futur. Une nouvelle fois, la saison a été compliquée en termes d’enneigement et le futur est plus qu’incertain.

La pénurie d’or blanc était particulièrement marquée pour les vacances de Noël. Voici plusieurs années que le réchauffement climatique raccourcit la saison. Elle a commencé début janvier, l’hiver tardant à s’amorcer. Elle s’est terminée fin mars, le printemps étant bien en avance ! Bilan, une saison bien trop courte.

Si les stations les plus hautes parviennent à ouvrir près de cinq mois, la plupart ont du se contenter de trois mois. Dans ces conditions, de nombreuses questions se posent. Une industrie peut-elle être rentable en opérant seulement trois mois dans l’année ?

Dans ses conclusions, une étude de Météo France (Centre d’Etudes de la Neige) datant de 2011 affirmait déjà qu’à horizon 2080, la durée de l’enneigement à moyenne altitude diminuerait de 40% à 75% (1200-2000m d’altitude), disparaissant presque totalement à basse altitude (sous 1200m).

C’est dans cette optique que de nombreux observateurs plaident depuis des années pour une nouvelle approche du développement du tourisme de montagne. Fini le tout neige, l’heure serait au développement d’une approche 4 saisons. De nouvelles activités (y compris en hiver), de nouvelles opportunités, pour conquérir de nouveaux publics et contrebalancer une saison hivernale qui se rétrécit. La même tendance se dessine dans les autres pays de l’arc alpin, il ne s’agit pas là d’une idée saugrenue de nos montagnards gaulois.

Pendant ce temps, Laurent Wauquiez

Mais, c’était sans compter sur l’approche de Laurent Wauquiez, président LR de la très concernée Région Auvergne Rhône Alpes. Son approche du développement du tourisme de montagne ? Débloquer 10 millions d’euros pour aider 28 stations à étoffer leurs capacités d’enneigement artificiel. Il parle même de 50 millions sur le mandat. Exit les efforts pour développer une offre estivale plus solide, ou encore une proposition crédible pour l’automne en montagne.

Pire encore, une partie de ces crédits vont à des stations que l’altitude condamne à moyen terme. A l’image des Brasses (900m d’altitude) ou du Reposoir (980m). L’Alpe du Grand Serre, en Isère, est également concernée. L’hiver dernier, son domaine skiable n’avait pu ouvrir dans son ensemble qu’une quinzaine de jours. Les doutes subsistent quant à la capacité des enneigeurs artificiels à sauver ce type de station. Si la neige artificielle peut avoir son utilité, l’orientation quasi-exclusive dans cette voie repousse encore de quelques années la vraie réflexion. Que fait-on dans une montagne avec peu ou pas de neige ? Une question que Laurent Wauquiez ne semble pas vouloir se poser.

Alors que les concurrents européens prennent de l’avance sur une offre touristique « quatre saisons », les montagnes françaises prennent du retard. Affaire à suivre.

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Eric T.

Eric, spécialiste de l'univers de la montagne, a mis son baudrier et ses crampons de côté pour rédiger des articles pour : Altitude.news. Business, Nature et Alpinisme sont les trois rubriques principales dans lesquelles vous pouvez retrouver ses articles. Ce montagnard d'adoption est à l'affût d'histoire et d'anecdotes insolites à partager avec ses lecteurs. Pour le contacter directement : eric@altitude.news !

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