suicide ski

Ces travailleurs de montagne qui se suicident…

Un film récemment sorti aux Etats-Unis ouvre le débat sur la santé mentale des travailleurs de la montagne et notamment la question du suicide. Un sujet hélas pas si lointain…

Le Paradoxe du Paradis, The Paradise Paradox en version originale. C’est le titre d’un film qui vient de sortir outre-Atlantique produit par le champion de ski Bode Miller. Actuellement disponible uniquement sur Amazon Prime Video US, vous pouvez visionner la bande-annonce ci-dessous. Ce documentaire de 72 minutes s’intéresse à une crise discrète qui se déroule derrière l’image très marketée des stations de ski américaines. Une véritable « épidémie de suicides » touche les stations de montagne américaines, partie émergée de l’iceberg. Un iceberg de la santé mentale des travailleurs de la montagne, fragilisée par toute une série de paramètres.

Quand les populations les plus aisées achètent des logements que les travailleurs locaux ne peuvent plus se payer. Ils travaillent au quotidien pour un « paradis » qu’ils ne peuvent plus vraiment s’offrir. Le rythme effréné de la vie en station, là où les clients sont en vacances, est plus festif. Le film souligne le manque d’accompagnement face à l’usage d’alcool et de stupéfiants qui va souvent de pair avec la fête à haute dose. Un manque de soutien médical et psychologique dans un pays où l’accès à la santé – et notamment la santé mentale – est aussi l’apanage des plus aisés. Si les chiffres évoqués, un taux de suicide jusqu’à quatre fois supérieur à la moyenne nationale, concerne quelques régions de montagne des Etats-Unis, le parallèle avec le fonctionnement de certaines stations en Europe n’est pas forcément hors sujet.

Un fléau uniquement américain ? Qu’en est-il en Europe ?

Malgré l’omerta qui règne autour du sujet, quelques voix prennent la parole en France sur l’évolution des consommations de drogue en station, notamment chez les professionnels de la montagne. A ce titre, cette interview du maire de Châtel (Haute-Savoie) vaut la peine d’être lue. En février dernier, l’enquête de Romane Mugnier dans les Alpes françaises et suisses citait une addictologue qui faisait le lien entre santé mentale et consommation de stupéfiants : «  Pour elle, toutes ces histoires de stupéfiants , enfouies par honte ou par peur, réveillent parfois de lourds traumatismes chez ses patients saisonniers, une fois la saison terminée ».

Le film n’est pas que constat négatif, il évoque aussi de nombreuses pistes de solutions expérimentées dans quelques stations américaines. Dans la Eagle Valley, les collectivités ont ainsi investi pour rendre plus accessible financièrement l’offre de soutien psychologique. Mais aussi pour encourager davantage de médecins à s’installer en montagne. Ou encore ouvrir un service d’urgence 24h/24 capable de prendre en charge des problématiques d’addictologie et de santé mentale.

Illustration © Pixabay

Notez cet article

Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

Voir tous les articles de Arnaud P →