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Son chalet brûle : il survit 3 semaines dans la nature sauvage d’Alaska !

Traduction du compte-rendu réalisé par les autorités américaines suite au sauvetage de Tyson Steele, 30 ans. Après l’incendie de son chalet quelque part entre Anchorage et le Parc du Denali, il a dû survivre 20 jours avec très peu de nourriture, des températures en permanence négatives et beaucoup, beaucoup de neige ! Il a finalement été secouru et s’en sort miraculeusement. Voir la version originale.

Le toit du chalet a pris feu vers 1 ou 2 heures du matin, a explique Tyson Steele. C’est cette première vision d’horreur qui l’a réveillé et l’a poussé à l’action. Il a sauté de son lit, a enfilé ses bottes fourrées et vite sorti. Il faisait facilement 15 degrés en dessous de zéro, mais Steele n’a pas vraiment fait attention. Debout à l’extérieur, il a levé les yeux et a vu les flammes qui éclairaient le ciel.

Le propriétaire trentenaire croit que la date était le 17 ou le 18 décembre. Il n’est as certain parce qu’il vivait seul depuis Septembre dans ce coin reculé de la vallée de Susitna. Des hectares de forêts, des montagnes, des rivières, des lacs le séparaient de la première route. Il n’avait pas de motoneige et son plus proche voisin était à 30 kilomètres de là, dans le petit village de Skwentna. Le seul moyen de venir ou de repartir est par la voie des airs.

Quand il est re-rentré dans sa maison, Steele a été accueilli par une boule de feu. C’est là qu’il a compris que les décisions qu’il allait prendre en quelques secondes allaient déterminer s’il pouvait survivre jusqu’à l’aube. Ce qu’il ne savait pas, c’est que c’était la première d’une série de décisions difficiles qu’il allait devoir prendre avant que les militaires d’Alaska ne viennent le sauver 20 jours plus tard. Des questions de vie ou de mort.

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Il ressemblait à Tom Hanks dans « Seul au Monde »

Quelques heures après le secours, je me suis assis avec Steele dans notre hangar à Lake Hood. Le pilote Cliff Gilliland et l’officier tactique Zac Johnson, qui avaient conduit le sauvetage lui avaient permis de prendre une douche et lui avaient trouvé ce dont il rêvait : un menu McDo ! Les cheveux mi-longs de Steele, châtain près des racines, passant au blond doré près des pointes, emmêlées et ressemblant à des dreadlocks sur son cou. Sa barbe auburn non taillée descendait jusqu’à sa poitrine. La combinaison le faisait vaguement ressembler au personnage de Tom Hanks dans le film « Seul au monde ».

Il portait des lunettes noires à monture en plastique à la Woody Allen – il disait être presque aveugle sans elles – et une vieille combinaison graisseuse et maculée de charbon de bois récupérée dans un abri après l’incendie. Ses vêtements sentaient la fumée et ses mains étaient calleuses, rugueuses et tachées de cendres. Il semblait en bonne santé et énergique dans l’ensemble alors qu’il buvait dans son grand gobelet McDonald’s. Il semblait heureux de parler, et certainement d’avoir survécu 22 ou 23 jours dans ce coin si sauvage.

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Voici l’histoire de Steele, avec ses mots, telle qu’il l’a racontée le 9 janvier, l’après-midi après son sauvetage.

« Ca a commencé par une erreur vraiment bête. Mon poêle à bois est très très vieux… L’erreur que j’ai commise – désolé, mes pensées sont encore un peu dispersées – l’erreur que j’ai commise, j’ai voulu aller vite et j’ai mis un gros morceau de carton dans le poêle pour allumer le feu. Je savais que c’était un problème, j’ai eu des poêles à bois toute ma vie. Je sais que tu ne dois pas faire ça. Donc, ça a envoyé une étincelle à travers la cheminée qui a atterri sur le toit. Et le toit… comment puis-je même décrire ce chalet ? C’est en gros une cabane en plastique. Le gars à qui je l’ai acheté, c’était un vétérinaire revenu du Vietnam, et il l’a construit à partir d’un peu de bois et de bâches.

C’était plutôt cool. Il y faisait assez chaud ; avec le soleil du Sud, même pendant les jours les plus courts. J’avais même un pied de piments qui poussait près du feu. Ça n’a pas produit beaucoup de poivrons. J’en ai eu un pour Thanksgiving qui avait à peu près la taille de mon pouce, c’était mon cadeau de Thanksgiving. Quoi qu’il en soit, tout est en plastique ou presque. Ce morceau de carton, je présume, est tombé sur un morceau de plastique et s’est mis lentement à brûler.

« Je sors et je vois que tout le toit est en feu ! »

Il est 1 ou 2 heures du matin et j’ai été réveillé dans une maison toute froide. Donc ça me prend du temps pour me rendormir. Et, goutte à goutte, goutte à goutte, il y a des gouttes de plastique en train de fondre qui traversent le toit au dessus de moi. Alors je sors pour ramasser de la neige et je vois que tout le toit est en feu.

[On lui a demandé ce qu’il portait à ce moment-là, Steele a ri:] Ces bottes sans chaussettes. Je portais ce pantalon – cette couche de base – et ce pull. Fondamentalement, c’est ce que je porte maintenant.

[Aviez-vous également la combinaison que vous portez maintenant?] Je ne l’avais pas. Elle était cachée dans un petit abri. C’est truc moisi qui date des années 80… Je ne sais pas quoi, tu sais? Je l’ai trouvé et mis, et c’était tout raide d’être resté au froid pendant si longtemps.

Alors, ça commence à couler et ça, ça s’enflamme de plus en plus vite, plus que je pouvais l’imaginer. C’est juste, je me souviens, quand je vois le toit en feu, que je suis rentré. Il y avait de la fumée partout. Il y a cette image qui revient sans cesse dans mon esprit d’une flamme tourbillonnante qui fonce sur mon visage, tu vois? Et le pire de tout ça – mois j’allais survivre encore 23 jours – mais mon chien était là, endormi à mes côtés. Jour après jour ces six dernières années, il était à côté de moi. »

[Pendant un moment, Steele s’étouffe légèrement, ses yeux embués. On lui demande, quel genre de chien?]

Labrador. Labrador chocolat. 110 livres. Hum, il s’appelait Phil. Meilleur chien du monde. Très très heureux. Je ne peux même pas le décrire. Et puis, euh, il avait tellement peur du feu. Je me souviens alors, j’attrape Phil et quelques trucs pour dormir. J’ai pris tout ce qu’il y avait sur mon lit. Tu vois les couvertures, les manteaux, les sacs de couchage, peu importe j’ai tout mis dans la couverture et je suis sorti en criant à Phil « Sors d’ici !! ». et il saute du lit, et je pense que c’est bon, je pense qu’il est sorti, je sors aussi.

« Comme si je venais de perdre un poumon ! »

Et, euh, c’est à ce moment-là que je suis sorti et que tout était en feu. Je devais penser à quoi faire ensuite. J’ai attrapé mon fusil de l’autre côté du chalet. Et, je ne vois pas mon chien. Je commence à hurler. A l’intérieur ? Je croyais qu’il était sorti… mais non, j’étais hystérique, je ne comprenais plus rien, je n’ai pas de mots pour décrire cette peine. C’était juste un cri. Viscéral. Pas en colère, pas triste, je ne pouvais que crier. Comme si je venais de perdre un poumon.

Alors moi, j’ai pris toutes mes affaires, je me suis assis à distance et … et à partir de là ça devient, c’est brumeux, euh … parce que tout est allé si vite. Tout ce que je possédais était dans ce chalet. J’avais mon fusil mais toutes mes munitions, peut-être 500 cartouches étaient dans le chalet. Et je les entendais exploser dans la boite de munitions. J’avais le fusil mais pas de munitions. Tout explosait, on se croyait en zone de guerre, comme 500 coups partant d’un coup. Je ne saivais même pas si je pouvais m’approcher de la cabane pour l’éteindre.

« Et une bouteille de propane qui a explosé »

Après être resté assis un moment, j’ai pensé à la nourriture. J’avais pour deux ans de bouffe là-dedans. Mais c’était tout à côté de mes munitions… et une bouteille de propane aussi qui a explosé sur le moment [Steele imite le son d’une explosion avec sa bouche]. Donc, il y a des explosions partout. Le feu est énorme. Chaque pelle de neige que je jette dessus – je suis hystérique d’essayer de l’éteindre – ça ne fait rien. Et je continue jusqu’au matin en essayant d’éteindre…

Nous sommes proches du jour le plus court de l’année. Devant le feu je n’ai pas froid à ce stade. Alors je m’assois juste près de ma maison en flammes. Et j’ai commencé à réfléchir à un plan. Toute la zone du garde-manger à ce moment là était enfin recouverte de neige. Donc, mon premier objectif était de faire l’inventaire et de manger quelque chose! Parce que j’ai quand même remué de la neige toute la nuit. J’ai récupéré des boites de conserve, j’ai compté que j’en avais deux par jour pendant 30 jours. Tout ce qui était dans du plastique a fondu. Tout a le goût de la fumée. Le goût de ma maison en train de brûler.

« J’ai dormi dans un trou dans la neige ! »

Alors, les deux premières nuits j’ai dormi dans un trou dans la neige. C’était juste assez grand pour mes sacs de couchage, moi et quelques trucs de nourriture. Et ça a fonctionné, vous savez, les grottes de neige c’est pas mal pour la survie. C’est bien isolé. Il peut faire des températures négatives à l’extérieur et si vous avez une bougie – mais j’en avais pas – mais si vous en avez, il peut faire plus de 30 degrés à l’intérieur. Mais je me suis juste blotti dans cette grotte sombre et j’ai dormi. J’ai dormi très longtemps. Et il faisait chaud. Plus chaud qu’à l’extérieur en tous cas.

Mon objectif suivant était de construire un abri un peu plus confortable. Et j’ai commencé à me demander quand des gens allaient commencer à s’inquiéter pour moi…  Quand je suis arrivé en septembre, j’avais un tout nouveau téléphone mais il avait des problèmes de charge de batterie, je ne m’en étais pas aperçu avant d’arriver ici. Donc, j’étais coincé avec un téléphone de merde. Il ne se chargeait tout simplement pas. En fait, je pouvais le brancher et regarder le pourcentage baisser. Donc, ça m’a fait briser une autre règle, que j’avais établi pendant des années, d’une communication hebdomadaire avec mes parents pour leur dire que je vais bien. Mais, euh, parce que c’était juste merdique, du coup je le faisais quand je pouvais. Je les appelais, ils disaient qu’ils étaient un peu inquiet, je leur disais que c’était la faute au téléphone merdique et c’était bon.

« Il y avait bien 1m50 de poudreuse… »

Skwentna est à environ 32 km [trop loin]. J’ai entendu dire qu’il y avait quelqu’un à Donkey Creek Lake à 5 miles d’ici. Et ça allait être mon prochain objectif si personne ne venait me chercher au jour 35. J’étais juste partir dans cette direction. Mais, euh, je ne pouvais pas compter sur ça. Il avait tellement neigé! Comme une énorme quantité de poudreuse. Je me souviens qu’il a neigé pendant environ trois jours, il y avait environ 1 mètre de neige. Et puis il a re-neigé, il y avait bien 1,5m de neige là-bas et mes deux paires de raquettes ont brûlé.

Donc, j’avais juste ces bottes et des chaussettes pourries pleines de trous pour traverser cette poudre. Ça m’a pris des jours juste pour faire un quart de mile. [Steele prend un stylo et dessine une carte approximative sur du papier d’un lac à un quart de mile de sa propriété sur laquelle les avions peuvent atterrir en hiver.] Je pensais que si quelqu’un venait me chercher, il fallait qu’on puisse aller là.

« J’ai dessiné un gros SOS »

Parce que mes parents, mes voisins, ils allaient se dire « Je n’ai pas eu de ses nouvelles  » et ils allaient appeler [le service aérien] et ils viendraient vérifier, OK? Donc, l’un de mes objectifs était d’ouvrir une piste jusqu’au lac. Vérifier l’épaisseur de glace pour m’assurer qu’on pourrait y atterrir. Et cela a pris des jours, juste pour arriver au lac.

Il y a des arbres tout autour ici mais la clairière de la propriété est assez claire, alors j’ai dessiné un gros SOS et j’ai utilisé des cendres de la cheminée pour la rendre noire, la garder sombre et j’ai dû continuer à faire cela souvent parce qu’avec la neige, je devais sans cesse le refaire. Je pensais que ça pouvait être mon meilleur signal. Il n’y avait pas de trafic aérien très proche mais j’entendais des avions probablement tous les jours, tu sais.

[Steele a ensuite récupéré des bâches et du bois de rebut pour construire un abri en forme de dôme autour d’un poêle à bois qui chauffait anciennement sa cabane]

« Mon urine gelait en quelques minutes »

Une fois le deuxième abri construit, j’ai gardé un feu dans le poêle à bois en permanence. Et je l’ai essentiellement utilisé pour réchauffer ma nourriture. Il ne s’agissait pas de garder l’abri chaud, car il ne suffisait pas pour. Une nuit, le 17, il faisait si froid, et je ne voulais pas aller sortir. J’ai donc pris un seau pour aller faire pipi. Le seau est qu’à quelques dizaines de centimètres de la cheminée mais c’état gelé. A côté de la cheminée, mon urine gelait en quelques minutes. Ça donne une idée ! Ce n’était en aucun cas une cabine confortable. C’était le minimum. A chaque respiration, je « fumais », mais au moins je ne souffrais pas. Et j’ai passé beaucoup de mon temps mon lit collé au poêle !

[Interrogé sur ses antécédents de survie en plein air, Steele a répondu:] Je ne suis pas exactement entrainé pour. J’ai toujours été en plein air. Et dans l’industrie du plein air. Mon premier job après le lycée, c’était dans un magasin de matériel, donc je connaissais toutes les techniques,… J’ai regardé beaucoup de vidéos Youtube. J’ai même commencé ma propre chaîne Youtube pendant que j’étais là-haut. Mais je n’ai fait qu’une seule vidéo : et tout a brûlé [sa vidéo ci-dessous].

J’ai donc toujours aimé interagir directement avec l’environnement, survivre. Je me mets au défi de faire du feu tout le temps. Parce que si j’en ai besoin à l’avenir, je veux m’assurer que je peux le faire, que je peux m’attaquer aux problèmes. J’ai trouvé quelques allumettes. J’avais emporté une bougie avec moi – une bougie que j’ai trouvée. Et j’ai toujours trouvé des morceaux d’écorce de bouleau. L’écorce de bouleau est idéale pour allumer des feux. Et c’était aussi ma lumière assez souvent dans la grotte de neige. Je n’avais rien à penser, il suffisait de mettre un morceau d’écorce de bouleau sur le feu et il s’allumait.

« Je n’avais pas de carte ! »

Je n’avais pas de carte et je savais que je ne savais pas assez où j’étais. Je pouvais aller dans une direction. Mais je n’avais aucune idée des cours d’eau, est-ce qu’ils étaient assez gelés pour que je les traverse – je pouvais tomber à travers la glace. Je n’avais que six heures de voyage [en plein jour]. J’ai eu une lampe frontale pendant peut-être 10 ou 11 jours, mais je n’avais que les piles qui étaient dedans. J’ai donc vite manqué de lumière.

Illustration © DPS Alaska Gov. – Alaska State Troopers

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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