mont Kenya

1899 : première ascension du Mont Kenya !

A la fin du XIXème siècle, une expédition britannique réalise la première ascension du mont Kenya.

En 1899, l’explorateur et géographe britannique Halford Mackinder mène l’une des expéditions les plus emblématiques de l’histoire de l’alpinisme sur le continent africain. La première ascension documentée du mont Kenya, deuxième plus haut sommet du continent (5.199 mètres). À cette époque, la région est encore largement méconnue des Européens. Bien qu’elle ait été mentionnée quelques décennies plus tôt par le missionnaire allemand Johann Ludwig Krapf. Mackinder, animé par un double objectif scientifique et géographique, voit dans cette montagne un terrain d’exploration inédit. Mais aussi une opportunité d’affirmer la présence britannique en Afrique de l’Est.

L’expédition de Mackinder est ambitieuse. Il s’entoure de deux alpinistes expérimentés, César Ollier et Joseph Brocherel, tous deux guides suisses, ainsi que d’un large contingent de porteurs africains et de soutiens logistiques. L’équipe remonte la rivière Tana avant de s’attaquer aux pentes abruptes du mont Kenya. Les conditions sont rudes : terrain volcanique instable, forêts denses, froid extrême en altitude. Malgré plusieurs tentatives infructueuses et la perte de matériel, Mackinder réussit à atteindre le sommet du Batian, point culminant du massif, le 13 septembre 1899.

Au-delà de la prouesse physique, cette expédition a une portée scientifique notable. Mackinder collecte des données sur la géologie, la glaciologie et la faune de la région, qu’il rapportera à la Royal Geographical Society. Il note également la présence de glaciers permanents, phénomène rare à cette latitude. Ses travaux contribuent à une meilleure compréhension des hauts plateaux d’Afrique de l’Est. Ainsi qu’à l’élaboration de nouvelles cartes topographiques de la région.

Extrait du récit d’expédition de MacKinder

« Enfin, le 12 septembre, César, Joseph et moi quittâmes notre camp supérieur à midi pour tenter une ultime ascension vers le sommet. Le contournement du pic effectué par Hausburg avait clairement montré qu’aucune voie n’était praticable sur la face nord, et nous avions déjà échoué deux fois sur la face sud, une fois sur le rocher, une autre sur la glace. Cette fois, nous projetions un itinéraire mêlant escalade rocheuse et progression sur glace. Nous avons repris notre première trace à travers le glacier Lewis, remontant ensuite la face de l’arête sud, près du sommet de laquelle nous avons passé la nuit sous une tente Mummery.

Nous étions debout à l’aube, et nous nous sommes mis en route dès que le soleil s’est levé au-dessus du plafond nuageux à l’est, réchauffant nos mains au point que nous pouvions enfin saisir les rochers. Une traversée, avec taillage de marches, nous fit franchir la tête du glacier Darwin, jusqu’à atteindre une arête rocheuse descendant du coin ouest de Nelion, que nous avons gravie sur une courte distance.

Nous avons alors décidé de traverser le glacier suspendu entre les deux sommets, à la Porte de la Brume, qui se déverse par un couloir dans le glacier Darwin en contrebas. Il s’est révélé extrêmement raide et dur comme de la pierre : trois heures furent nécessaires pour tailler des marches dans une portion que nous espérions franchir en vingt minutes. Une dernière escalade sur le rocher nous permit finalement de poser le pied sur le sommet du Batian, précisément à midi, le 13 septembre. Depuis la Porte de la Brume, la vue avait été splendide. Mais au sommet, nous arrivâmes quelques instants trop tard : la brume qui montait ne laissa entrevoir que fugitivement les vallées en contrebas »

L’expédition de 1899 symbolise également une époque où exploration scientifique et ambitions impérialistes se mêlent étroitement. Mackinder, qui deviendra plus tard une figure majeure de la géopolitique britannique, voit dans ces sommets une illustration du contrôle et de la conquête des « espaces vierges » par la science occidentale. Son ascension du mont Kenya reste une référence dans l’histoire de l’exploration alpine en Afrique. Autant pour ses résultats scientifiques que pour sa charge symbolique à la fin du XIXe siècle.

Illustration © VickyOmondi, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons (B&W)

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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